Squats Paris banlieues proches : les décisions d’expulsions sans AUCUN délai deviennent chose commune…
Nous sommes les habitants du DSXL, et il y a dix jours la justice a tranché pour notre expulsion immédiate.
Nous sommes un lieu de vie, de création, bref ce que le gouvernement nomme à présent un « tiers lieu ». Dans la même semaine, deux autres squats ont subi la même sentence, sans délai non plus.
Ces décisions sont abusives et sont en passe de se répandre, de devenir des exemples dangereux pour l’avenir du squat. C’est pourquoi nous avons décidé d’informer, de dénoncer et de lutter.
En réponse au mouvement des Gilets jaunes et autres mouvements contestataires, Mme Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, a récemment déclaré :
« Les tiers lieux peuvent répondre au sentiment de solitude, de déclassement de certaines populations, parce qu’ils sont des lieux de rencontre, de travail, de lien social, de culture, et de discussion tout simplement ».
Elle parle ici des espaces de coworking, de fablab et autres pour lesquels l’État prévoit un plan d’investissement de 45 millions d’euros intitulé « Nouveaux lieux, nouveaux liens ». Porté par le tout nouveau Conseil national des tiers-lieux qui se réunissait dimanche chez nos voisins de la Cité Fertile en présence de quatre ministres.
Ce même jour, nous recevions la décision du tribunal de nous expulser sans aucun délai (comme deux autres squats cette semaine).
Au DSXL, nos règles d’ouvertures sont depuis toujours claires :
- le prix libre, pour que tous puissent entrer, quels que soient leurs revenus. Et que ceux qui le veulent et en ont les moyens puissent soutenir les artistes et le lieu. Pas de vigile, les portes sont ouvertes.
- la mise à disposition de nos espaces au maximum (résidence d’un big-band de jazz, festival d’acousmatique du Conservatoire de Paris CRR, différentes scénographies pour des spectacles, performance immersive « bassin nu » sur tout un week-end, rencontres cinématographiques Furie, répétition de spectacles pour le festival d’Avignon ou le Festival intergalactique des Bateaux Spectacles, etc.). À prix libre, pour soutenir ceux qui n’ont pas toujours les contacts ou le dossier pour répéter ailleurs, en tout une soixantaine de résidences et représentations en un an ont été accueillies, avec un seul mot d’ordre : l’espace dont nous disposons doit être utilisé.
- Les Tablées, notre événement récurrent pour lequel nous cuisinons les invendus des marchés environnants. Nous proposons un repas végétarien, voire vegan, à prix libre, souvent couplé avec une jam/concert ou un spectacle.
Au travers de cette pétition, nous souhaitons alerter les élus sur le danger de réprimer les initiatives citoyennes locales, comme celles portées par les squats et les associations, qui fonctionnent sur la gratuité, le prix libre, la création libre et avec l’énergie de bénévoles engagés (par exemple les associations de quartier, la Friche Magenta, la Cyclofficine de Pantin pour les vélos, Extramuros pour la menuiserie ou le hackerspace Fuz pour l’électronique/informatique).
Nous ne demandons pas d’aide. Simplement qu’on nous laisse faire. Notre bâtiment ne sera pas détruit avant 2021, notre expulsion est donc politique.
Sur le plan juridique, nous avons décidé de faire appel, au risque de doubler notre condamnation aux frais (d’environ 1 500€ pour l’instant). Le tribunal de Pantin conclut que notre seule présence dans les locaux est considérée comme constitutive d’une voie de fait, bien que nous ayons pénétré sans aucune ruse ni violence et bien que la cour d’appel de Paris juge que la simple présence dans la propriété d’autrui (bâtiment vide et non-habitation de particulier) ne suffit pas à caractériser la voie de fait.
De plus, l’absence de délai, décision suivant une tendance à durcir les peines, ne nous permet pas de trouver de solution. Pour plusieurs d’entre nous, cela représente un réel danger (rupture familiale, difficultés financières personnelles et/ou familiales, etc.).
Plus de détails sur la voie de fait et autres précisions juridiques.
Il ne faut pas laisser passer cette jurisprudence, nous avons choisi de lutter.
Nous espérons votre soutien dans ce combat pour la diversité des lieux d’accueil et pour la liberté de penser le monde différemment.
Nous serons désormais en permanence sur le parking devant chez nous jusqu’à expulsion. Jams, projections de films, discussions. Venez nous rencontrer devant le 16, avenue Édouard Vaillant, Pantin.
Le DSXL
PS: pour signer notre pétition c’est par ici.
Voici notre support audio, dans lequel nous expliquons oralement notre engagement.
[Publié le 29 juin 2019 sur Paris-Luttes.info.]