Au milieu d’une avalanche de manifestations, protestations et de grèves, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, a exhorté hier les organisations sociales comme le Mouvement des Travailleurs Sans Terres (MST) à « agir avec responsabilité ». Les promesses électorales, a dit Lula, « seront accomplies de la manière la plus pacifique possible ». Ce pays a des lois et des règles. Et elles valent autant pour le président de la République que pour les Sans Terres et les « avec terres ». Selon le président brésilien, « ceux qui veulent faire des manifestations peuvent en faire parce que c’est un pays libre. Ce qui n’est pas possible, c’est perdre le sens de la responsabilité ». Il se référait à la vague d’invasions sans contrôle promue par les dirigeants paysans. Et il a averti : « Si ils veulent aller aux extrèmes, qu’ils sachent que cela ne va pas les aider. Je fus dirigeant syndical, je suis souvent allé aux extrèmes et d’autres fois j’ai eu du bon sens. De toutes les fois où j’ai eu du sens commun, j’ai gagné. Et toutes les fois où a prévalu l’extrémisme, j’ai perdu. Si je peux donner une recommandation à mes camarades du mouvement syndical, c’est celle ci : agissez avec la plus grande responsabilité possible, parce que nous serons tous victimes de nos paroles ». Le message de Lula a visé directement le coeur des mouvements syndicaux et de lutte pour la réforme agraire, d’anciens secteurs alignés avec le Parti des Travailleurs et avec Lula lui même, qui aujourd’hui sont les protagonistes des plus importants foyers de protestation contre le gouvernement. Entre janvier 2003 et mars 2004, on a enregistré 278 invasions de terres, nombre qui dépasse le total des invasions réalisées sous les gouvernements précédents. Le dirigeant du MST, Joao Pedro Stédile a promi au gouvernement un « enfer » durant le mois d’avril. Hier, le MST a envahi la propriété rurale de l’entrepreneur Klabin, dans l’Etat de Santa Catarina, appartenant à la famille du président de la Fédération Industrielle de San Paulo, Horacio Lafer Piva. Hier [19 avril 2004] également, des familles de « sans toit » ont procédé à des invasions à Sao Paulo. Cinq propriétés, y compris une prison de la Police Militaire abandonnée, furent occupées. L’expulsion a provoqué des affrontements avec la police. La Coordination Nationale des Employés Publiques Fédéraux a annoncé hier une grève à durée indétermnée à partir du 10 mai. Les dirigeants syndicaux demandent une augmentation de 50 %. Le ton de Lula a laissé un espace pour une trève. « Personne dans l’histoire du Brésil ne va traiter les fonctionnaires mieux que moi. Pour cela ils doivent comprendre que je les considère comme je considère mes enfants. Je ne donne pas à mes enfants tout ce qu’ils veulent, je leur donne seuleument ce que je peux leur donner. Et je ne m’endette pas pour faire un cadeau à un enfant pour ensuite ne pas pouvoir payer ». Au final Lula a laissé de côté les métaphores et a déclaré : « Le dirigeant syndical doit savoir que cela n’a aucun sens d’avoir des revendications absurdes ».
Le 20 avril 2004,
Luis Esnal, correspondant au Brésil du quotidien « La Nacion » (Argentine)