Grenoble: Petit récit perso de la vie aux 400 couverts

Salut lezamiEs.

Depuis que le tribunal de grande instance a jugé que le squat des 400 couverts n’aurait aucun délai légal avant expulsion et que la mairie a demandé l’aide de la préfecture pour faire cette expulsion, la vie aux 400 a un peu changé. Voici un petit récit subjectif et perso et pas forcément très structuré de la situation:

Les espaces ont été reconfigurés complètement, les collectifs d’habitantEs des trois maisons se sont remélangés et des amiEs s’y sont rajoutéEs. Pour dormir on s’organise dans des sleepings plus ou moins affinitaires, ce qui crée des sortes de nouveaux collectifs par maison. J’ai même entendu dire des anciens habitants que c’était con d’attendre d’être expulsables pour faire des trucs comme ça… des espaces non-habités jusque là sont devenu des habitats, y a même des tout nouveaux espaces qui ont été construits, par exemple une vigie sur un mat qui sort du toit de la maison du 9. Parfois c’est un peu le bordel pour savoir qui dort où et quand et comme on s’est dit qu’on n’avait qu’à complexifier les fermetures des entrées, il y a le risque que des personnes se trouvent obligées à dormir à la belle étoile parce que d’autres personnes pensaient qu’elles dormaient ailleurs, mais bon, on a réussi à éviter ça jusque là.
Pendant la journée encore plus d’amiEs nous rejoignent, et ça parfois dès 6 heures avec des croissants…
Pour nourrir tout ce monde une cuisine centralisée (mais pas obligatoire, y’en a au moins une autre) a été mise en place dans le square et dans l’ancien local à vélo, avec un panodétaches qui ne fonctionne pas toujours bien, pas mal de personnes étant assez barrées dans les bricolages divers et originaux. Mais là on s’est dit que ça suffit de faire du bricolage l’activité principale, alors on va aller se baigner, se balader en montagne, faire un coucou à la réu Sans-titre, mettre en place des ateliers de chorale, se raconter des blagues et trouver des mises en scènes drôles pour le jour j… mais quand même le bricolage c’est bien aussi, y a eu des échanges de savoir sur plein de trucs: maçonneries matériaux et techniques diverses, soudure, bois, apprendre à se servir de plein de machines, techniques d’escalades, musculation des bras par divers moyens: porter des trucs lourds, taper pendant trois jours sur un burin,… on était tellement dedans que ça a dû être un peu dur pour les voisinEs (et même pour nous), alors on a décreté un couvre feu pour le bruit, d’abord 21h, maintenant carrément 20h… parfois aussi nos bricolages ne sont pas forcément très beaux, alors des équipes de déco ont essayé d’arranger ça un peu. et ça marche! y a aussi des réus à rallonge mais on s’améliore parfois et même on a réussi à faire aussi des jeux débiles dans la traverse.
Dans tout ce joyeux bordel il y a aussi des reflexions plus sérieuses sur les rapports entre nous, sur qui fait quoi, et des mises en pratiques pour assurer que la répartition des tâches ne fonctionne pas juste suivant ces vieux schémas pourris des rôles genrés par exemple, bien sûr, y a toujours des gens qui ont du mal à arrêter des activités plus fun (et aussi plus valorisantes) pour faire à manger ou la récup ou la vaisselle, mais grosso modo je trouve qu’on a su éviter les clichés trop gros.

Dès l’annonce du rendu du procès [le 8 juin 2005], un collectif de soutien s’est formé, ça s’appelle « le festival permanent contre les expulsions », illes ont eu plein d’idées géniales: débat public sur les expulsions, ateliers juridiques suivis de la sortie d’une brochure vachement bien avec des conseils légaux et médicaux, une balade urbanistique dans la ville, une boum au chapito, divers moyens assez originaux de visibilisation dans la ville et du soutien logistique.Etant donné que les personnes participant à ça n’ont pas forcément l’expérience ou la disponibilité pour l’orga d’évènements publics, et qu’en plus les liens avec nous (dépasséEs par l’orga entre nous) n’étaient pas faciles à mettre en place, l’info n’a pas toujours bien circulé… mais il y a eu un chouette concert du Black star rock’n roll band et une petite scène ouverte….et une boum ce soir [24 juin 2005].

Pour les jours à venir on a prévu de travailler plus sur la communication et la visibilisation et dimanche y aura des pizzas, une zone de gratuité dans la traverse et un bal folk. Et si c’est pas trop rapide cette expulsion, éh bien y aura aussi une soirée élektro avec des superstardj’s d’Allemagne et de Grenoble.

Dans tout ça y a bien sûr aussi des trucs moins drôles, des moments où des personnes craquent (mais pas trop encore), des différences de facilités à trouver des espaces dans un groupe, parfois c’est assez difficile de faire attention à tout le monde et les affectivités diverses qui complexifient la situation comme c’est souvent le cas dans des moments intenses comme ça. On manque aussi de temps pour avoir des échanges de fond, ce qui a pour résultat que parfois la communication entre des personnes qui ne se connaissent pas bien est un peu décalée…

Et aussi, n’oublions pas que tout ça va très très probablement s’arrêter un de ces jours par la venue d’hommes en uniforme (de combat?) et de machines qui vont détruire les bâtiments, alors il y a aussi de la tristesse et de la colère…
Lundi dernier [20 juin 2005] on est alléEs dire au conseil municipal qu’illes sont nulLEs mais y a déjà quelqu’unE d’autre qui raconte ça ici:

http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&filtre=1&droiteA=1&numpageA=1&id=1063

En ce qui concerne la police, ils ont commencé leur enquête par prendre des photos de tous nos bricolages visibles et la dame au service (?) des expulsions à la pref nous dit que ça va encore prendre du temps (à d’autres moments elle rajoute que ça peut aussi aller très vite) alors de toute façon on ne les croit pas une seule seconde… au niveau juridique un appel suit son cours.

Bien sûr y aurait encore plus de trucs à raconter, mais c’est top secret (hihihi) alors si ça continue je vous ferai part de nos aventures…

Bize à vous & squat forever

i*


Have a look:

grenoble.indymedia.org
grenoble.squat.net
infokiosques.net