Plus de 150 familles pauvres ont été expulsées du centre de Phnom Penh, au Cambodge, le 24 janvier. La grande majorité de ces personnes sont maintenant sans abri.
Des membres des forces de sécurité cambodgiennes et des ouvriers spécialisés dans la démolition ont chassé 152 familles du quartier de Dey Kraham le samedi 24 janvier à l’aube. Vers 3 heures du matin, environ 250 policiers, gendarmes et ouvriers employés par la société affirmant être propriétaire du terrain ont bloqué l’accès au quartier avant de disperser la population à coups de gaz lacrymogène et en la menaçant de violences.
À 6 heures, des pelleteuses sont arrivées sur place et ont rasé les habitations. Certaines familles n’ont pas eu le temps de récupérer des affaires chez elles avant l’arrivée des pelleteuses. Des responsables de la municipalité de Phnom Penh assistaient à l’opération de démolition.
Amnesty International a demandé aux autorités cambodgiennes de cesser de priver des personnes de leur droit à un logement et de prévoir des indemnisations adaptées pour les personnes expulsées le 24 janvier.
« Le plus urgent à l’heure actuelle est que le gouvernement réponde immédiatement aux besoins humanitaires de ces personnes, qui ont perdu leur domicile et vont être confrontées très rapidement au manque d’eau et de nourriture, a déclaré Brittis Edman, responsable des recherches sur le Cambodge à Amnesty International. Ces personnes vont également avoir besoin d’aide à long terme. »
La municipalité de Phnom Penh a fourni à moins de 30 des 152 familles un hébergement sur le site de réinstallation de Cham Chao, dans le district de Dangkor, à environ 16 kilomètres du centre-ville. La plupart des autres bâtiments de ce site sont toujours en construction et n’ont pas encore de toiture.
Il n’y a pas d’eau propre, ni d’électricité, ni d’égout, ni aucun service de base. La majorité des habitants concernés avaient auparavant rejeté l’offre qui leur avait été faite d’un relogement à Cham Chao parce que cette commune est trop éloignée de Phnom Penh, où un grand nombre d’entre eux travaillent comme vendeurs dans les rues.
Depuis que les expulsions ont eu lieu, les habitants de Dey Kraham ont été informés que la société qui aurait acheté le terrain était revenue sur les offres de compensation qu’elle avait faites auparavant, laissant ces familles, qui ont vécu dans l’incertitude et l’insécurité pendant plus de deux ans, sans rien pour reconstruire leur vie.
Des représentants des autorités locales ont vendu le terrain à la société 7NG en 2005, sans avoir sollicité la participation de la population concernée ni même l’avoir consultée ou informée. Environ 300 familles ont été contraintes de déménager, sur fonds de menaces et de manoeuvres de harcèlement et d’intimidation, tandis que 152 autres continuaient à remettre en cause la validité de la vente et refusaient de céder le terrain sans compensation.
Un peu plus d’une semaine avant l’expulsion forcée, les habitants du quartier avaient fait savoir aux autorités et à la société qu’ils étaient prêts à déménager s’ils recevaient une indemnisation adaptée pour ce terrain, sur lequel nombre d’entre eux vivaient depuis des dizaines d’années sans que cela ne donne lieu à aucune contestation, et sur lequel ils avaient des droits indéniables au titre de la loi foncière de 2001. La société avait alors augmenté l’offre de compensation mais les deux parties n’étaient pas encore parvenues à un accord.