Gap (05): ouverture du squat “la villa des roses”

Nous avons la joie de vous annoncer la récente naissance de la Villa des Rosses, 12 rue Aubanel à Gap, nouveau squat politico-culturel. Ce nouveau né reste dans un état de santé fébrile, en conséquence de la répression grandissante du virus Sarkozy et de certaines morales infondées le rendant politiquement incorrect.

Nous avons pensé bon pour la vie sociale gapençaise de redonner vie à une maison délaissée depuis environ 10 ans, qui pourrait accueillir plusieurs types de projets culturels, de débats, d’actions, de vidéo-projections, de créations artistiques et autres types d’alternatives à la culture commerciale. Bien que la propriété privée soit l’un des solides piliers de notre belle république, une de nos revendications est la propriété d’usage.

Nos situations sont diverses et variées. De l’intermittent du spectacle au chômeur, en passant par l’étudiant ou encore l’intermédiaire. Nos situations plus ou moins précaires et notre refus de se compromettre dans certains boulots nous a poussés à cette réalisation.

Nous avons investi ce lieu et pour commencer à lui donner vie, nous avons débuté par l’installation de la partie habitable. En effet, cette maison sera également le domicile de plusieurs personnes actives sur le lieu.

Nous vous invitons à passer nous voir et/ou à nous aider à la conception de l’édifice.

La villa des roses
12, rue Aubanel
05000 GAP


Salut tout le monde,

C’est l’automne, les lois sécuritaires et tout et tout, alors on en profite pour s’ouvrir des lieux au chaud tant que l’hiver n’est pas tombé… Voici le récit de l’ouverture du squatt tel qu’il sera publié dans le fanzine de radio Zinzine.

Bisous à tous-tes

Sophie

Décrypter la presse bourgeoise, marchande, spectaculaire c’est à dire commenter les suicides en prison, les enjeux géopolitiques des guerres et des massacres, les accidents industriels ou les projets d’autoroute et de décharge géante dans notre région: telle est la teneur récurrente de notre baratin quotidien sur radio Zinzine. A tel point que certains jours, cet amoncellement m’amène à douter, à me demander si je n’alimente pas plus le sentiment d’écrasement sous le poids de la cruauté absurde du monde, plutôt que l’envie joyeuse et subversive de renverser les ordres établis ici et maintenant.

Heureusement, il y a des fois où je peux vivre intensément des initiatives qui vont au-delà des déclarations d’intention et autres analyses très poussées sur comment on pourrait éventuellement agir.

C’était vendredi 1er novembre à Gap, et comme partout ailleurs, sous les feuilles mortes rougeoyantes, les honnêtes citoyen-ne-s étaient à la messe ou au cimetière.

Dans un quartier assez bourgeois, à la périphérie du centre-ville, une maison de deux étages aux volets fermés et au jardin envahi de ronces.

Des copains nous ont appelé pour les aider à emménager: arracher lianes et épines qui nous dépassaient d’une bonne tête, nettoyer les planchers couverts de poussière, installer une cuisine de première nécessité, rétablir l’eau et l’électricité. effectuer en somme les gestes élémentaires des premiers jours dans la vie d’un squat.

La villa des roses, appellation gravée dans le granit de la façade, est inoccupée depuis plus de dix ans ont témoigné plusieurs voisins.

Pour le quartier, voir s’ouvrir les volets et des têtes apparaître aux fenêtres constituait un événement inédit, dont beaucoup se réjouissaient.

Nous avons même rencontré une vieille dame à l’air malicieux qui avait l’air enchantée qu’on lui promette de l’inviter à boire le thé entre ces murs, elle pourrait ainsi enfin voir l’intérieur de cette maison mystérieuse.

C’est vrai qu’il y a un côté rêve d’enfant à s’installer de la sorte dans une maison délaissée, mais il faut aussi une bonne dose de courage pour affronter la Loi et la sacro-sainte Propriété Privée. Notre petite groupe de néo-squatters a en effet eu à affronter les démonstrations d’hostilité de certaines personnes, et même la visite peu courtoise de la Police. Sur le coup de 15 heures, les pandores se sont postés dans la rue, main sur le flingue ou la matraque et la bouche emplie de paroles de malvenue. “Videz les lieux d’ici 45 minutes, sinon nous revenons avec les renforts vous virer manu militari et vous rigolerez moins”. Nos amis s’étant munis de leur carnet d’adresses d’urgence, ils ont aussitôt contacté les médias locaux rentables et influents (Dauphiné Libéré et Alpes 1), dont les équipes avides de sensationnel sont arrivées sur les lieux. Et oui, la presse bourgeoise peut aussi servir de pare-matraques, alors ne nous en privons pas! Après enquêtes desdits journalistes, il est apparu que la réaction si prompte des forces de l’Etat avait été déclenchée par le courroux d’un important notable régional qui habite deux maisons plus loin. Monsieur Alain Bayrou, président du conseil général des Hautes-Alpes n’allait tout de même pas laisser la vermine de l’insécurité prendre place tranquillement au coin de sa rue!

Malheureusement pour lui et les autres apôtres de l’Ordre dans la tranquillité et le Silence, les squatters étaient très bien renseignés sur leurs droits grâce notamment aux conseils bienveillants de notre ami avocat Maître Morlier. Pas question de les déloger sans décision de justice faisant suite à une plainte des deux propriétaires. Calmés semble-t-il par ce déploiement de protections et de soutien, les policiers n’ont pas repointé le bout de leur nez ni mis leur menace à exécution. Au déplaisir d’ailleurs des journalistes qui espéraient semble-t-il un assaut à coup de flashballs et de lacrymos.

L’occupation de ces lieux fait suite à la dynamique initiée lors du mémorable festival des résistances et des alternatives d’avril dernier. Les possibilités de rencontres et d’activités ludiques et politiques gratuites permises par l’installation du village autogéré durant une semaine avaient boosté les envies de trouver un lieu ouvert toute l’année pour de telles initiatives. Les lieux de rencontre hors d’une logique de consommation sont le plus souvent devenus totalement inexistants dans les villes et les campagnes. Le collectif de personnes qui a décidé d’habiter les lieux tant qu’illes ne seront pas expulsé-e-s affirme son intention d’ouvrir le local aux projets artistiques, sociaux et politiques. Tout cela devrait s’inaugurer par une soirée d’ouverture autour d’un thé (proposition provisoire susceptible d’être élargie) afin de rencontrer voisins, voisines et toutes les personnes intéressées par cette démarche. Et j’en profite pour vous glisser à l’oreille que nos ami-e-s seront réconforté-e-s par tout geste de soutien puisque leur démarche les entraîne forcément dans divers procès, visites d’huissier et autres intimidations policières. A suivre donc.

La villa des roses, 12 rue Aubanel, à Gap, près du lycée St Joseph.

Les habitants de la Villa des Roses