Grenoble : Récit de la seconde expulsion du 106 bis rue des Alliés

Le 21 octobre dernier, un squat tout récemment ouvert se faisait expulser sans aucune procédure judiciaire au 106 bis rue des Alliés, à Grenoble.
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Cette même maison, toujours aussi délaissée par son propriétaire la Mairie de Grenoble, a été réoccupée en ce début de mois de novembre, puis expulsée de nouveau sans procédure judiciaire, sur simple décision de la Mairie de Grenoble (merci Noblecourt), avec l’accord de la Préfecture de l’Isère.

Aux alentours de 9h du matin ce jeudi 10 novembre 2005, des employés de la Mairie ont tenté de pénétrer, en vain, dans le 106 bis rue des Alliés. Des policiers municipaux sont venus en renfort, tandis que d’autres renforts, pour les squatteur-euse-s cette fois-ci, arrivaient également. Quinze à vingt personnes ont ainsi pris un petit déjeuner en bas du squat, avant de rejoindre la manifestation contre toutes les expulsions qui se préparait non loin de là vers 13h30 (au parc Georges Pompidou).

Cette manifestation a rassemblé plus de 80 personnes, qui ont défilé relativement rapidement jusqu’au 106 bis rue des Alliés, derrière une énorme banderole “Contre toutes les expulsions”.

De nombreuses personnes (entre 30 et 80 personnes selon les moments) sont restées devant le squat durant tout l’après-midi. En effet, l’info était passée que la Mairie souhaitait expulser au plus vite… Pourtant, la police se faisant de moins en moins présente au fil de la journée, tandis que le froid se faisait lui de plus en plus présent, le rassemblement devant la maison se séparait. Peut-être par excès de confiance… Toujours est-il que peu après, plusieurs cars de CRS (de ceux qui sont actuellement spécialement affrêtés pour réprimer les rebelles des cités de l’agglomération grenobloise) arrivaient et bloquaient les accès à la maison tandis que d’autres flics essayaient difficilement d’y pénétrer.

Un rassemblement spontané s’est formé en soutien aux squatteur-euse-s, quelques slogans contre les expulsions sont criés, des chansons pro-squat entonnées. Peu à peu, les personnes rassemblées (au nombre de 50, environ) se mettent au milieu de la route pour bloquer la circulation et visibiliser leur mécontentement. Les CRS, assez nombreux (plusieurs dizaines, armés de matraques, de grosses gazeuses lacrymogènes, de lance-lacrymos et d’au moins un fusil à pompe bizarre), chargent “doucement”. Quelques coups de matraques et de pieds sont donnés par les CRS aux manifestant-e-s. La bousculade dure quelques minutes… et s’arrête lorsque tout le monde se retrouve sur les trottoirs, toujours bloqués.

Les CRS étant regroupés là où des personnes s’étaient mises sur la route, un groupe de 15 à 20 personnes décide de les prendre à revers en les contournant par des rues adjacentes. Ces personnes arrivent quasiment aux pieds du squat en cours d’expulsion, en criant “Non aux expulsions”. Les CRS se retournent, et chargent à nouveau, plus violemment. La vingtaine de personnes se replie, reprenant le chemin du retour vers l’autre côté, en laissant de rares objets de mobilier urbain en travers de la route. Aux abords des cités du quartier, des cris contre toutes les expulsions sont lancés, ainsi que contre l’Etat d’urgence et la répression…

De retour de l’autre côté, la route est à nouveau bloquée, ce qui a le don d’agacer les CRS, qui repoussent à nouveau les manifestant-e-s, de façon encore plus agressive. Pendant ce temps, les bruits de destruction de portes et de murs se font entendre: l’expulsion suit son cours…

Les nombreux-euses automobilistes qui passent sur la rue sont informé-e-s par des manifestant-e-s des raisons du rassemblement. Dans l’ensemble, les réactions sont plutôt favorables aux squatteureuses (en tout cas défavorables aux CRS), mais personne ne s’est garé sur le côté pour rejoindre le rassemblement… Ceci dit, un certain ras-le-bol de l’impunité policière se fait sentir à travers différents pans de la population. Reste à réunir tout ce monde pour gagner en efficacité.

Plus d’une heure après le début de la tentative d’expulsion, les huit squatteur-euse-s sont embarqué-e-s par la police (qui réussit finalement à accéder aux lieux). Les manifestant-e-s présent-e-s sur les lieux se dirigent alors vers le commissariat central, où sont placé-e-s en garde-à-vue les huit personnes arrêtées lors de l’expulsion. En chemin, du mobilier urbain est déplacé en travers de la route à différents endroits. La colère est palpable mais plutôt désorganisée.

Presque tout le monde se retrouve devant le commisariat, pour exiger la libération rapide des huit squatteur-euse-s. Quelques heures plus tard, tou-te-s sont relâché-e-s. Dans le même temps, de nombreux jeunes aux mains des policiers arrivent au commissariat pour être eux aussi placés en garde-à-vue. Ceux-là y sont parce que la soirée a été chaude dans d’autres quartiers. Il seront relâchés moins vite (s’ils le sont avant leur procès…).

Il y aura certainement une ou des ouvertures de squat-s prochainement, puisque des personnes ont à nouveau été mises à la rue. En attendant, des jeunes des cités de l’agglo vont certainement passer en procès en début de semaine prochaine suite aux émeutes de ces derniers jours. Essayons d’y être, la solidarité ne s’arrête bien évidemment pas à la mouvance squat.

Tous les soirs à à 20h, depuis le samedi 12 novembre (il y avait samedi un peu plus d’une cinquantaine de personnes), rassemblement place Notre-Dame (à Grenoble) en solidarité avec les jeunes révoltés emprisonnés, contre l’état d’urgence et la répression en général.

anonyme