Brésil: La Coupe du monde est terminée, mais la lutte continue !

Il y a dix jours, se jouait à Rio de Janeiro la finale de la Coupe du monde 2014, Argentine-Allemagne. Au même moment, une dernière manifestation contre la Coupe du monde était organisée dans les rues de Rio, intitulée cette fois « La finale n’aura pas lieu » (Não Vai Ter Final).

Si de nombreuses manifs et autres événements ont eu lieu tout au long de la Coupe du monde contre la FIFA et le gouvernement brésilien, les derniers jours ont été pas mal focalisés sur l’anti-répression, pour exiger la libération de personnes emprisonnées dans le contexte de ce mouvement anti-Coupe du monde et protester contre les perquisitions et arrestations du 12 juillet à Rio de Janeiro.

Samedi 12 juillet – São Paulo

Plus de 200 personnes se sont réunies pour exiger la libération des deux manifestants interpellés suite à l’émeute du 19 juin dernier. Ils risquent une peine allant de 5 ans et 5 mois à 14 ans et 6 mois d’emprisonnement pour incitation au crime, association de malfaiteurs armés, résistance/désobéissance et possession d’engin explosif.

Dimanche 13 juillet – Rio de Janeiro

2014-07-13_RioDeJaneiro_NaoVaiTerFinalLa manif « Não Vai Ter Final » a commencé de la place Saens Peña quelques heures avant le coup d’envoi de la finale (qui se jouait dans le stade Maracanã).

Suite aux arrestations de la veille, la manif est bien sûr l’occasion de protester contre la « FIFA mafia », mais aussi d’exiger la libération des personnes emprisonnées.

L’État a bien évidemment sorti les grands moyens pour garantir la bonne tenue de cette cérémonie finale aux alentours du stade Maracanã. Près de 30 000 flics de différents modèles (dont la cavalerie et les troupes de choc) ont été utilisés pour contenir la rage des protestataires. La station de métro de la place Saens Peña a été fermée par les flics tout l’après-midi, tout comme le secteur de la rue Conde de Bonfim: l’objectif de la police était bel et bien d’isoler les manifestant-e-s de la population, tout en les séquestrant à ciel ouvert.

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées place Saens Peña, dans le quartier de Tijuca avec comme but de se rendre au stade Maracanã. De nombreux slogans ciblaient la police et la répression de la veille. Les flics de la police militaire (PM) ont rapidement encerclé les manifestant-e-s. Un groupe d’environ 150 personnes masquées a tenté de percer les barrages policiers en direction du stade et des infrastructures de la FIFA mais a été repoussé par la PM à coups de matraques, de lacrymos et de grenades de désencerclement. Les plus gros affrontements avec les flics ont eu lieu sur cette place et ont fait de nombreux blessé-e-s du côté des manifestant-e-s et des journalistes (dont au moins un a eu le bras cassé).

Selon le groupe d’avocat-e-s Habeas Corpus, au moins neuf personnes ont été arrêtées.

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Dans le stade Maracanã, d’une certaine manière, le mouvement contre la Coupe du monde était présent également: Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, et Sepp Blatter, président de la FIFA, présents dans la tribune présidentielle, ont été copieusement sifflés par le public quand ils apparaissaient sur l’écran géant du stade.

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Pendant le match, un dernier streaker (habillé, lui aussi) pour la route, invisible à la télé mais bien présent pendant quelques secondes sur le terrain

Après le match, du côté du stade Maracanã, la police anti-émeute est intervenue pour « calmer » la déception de supporters argentins qui bloquaient les rues autour du stade. Des heurts ont également éclaté entre supporters brésiliens et argentins…

Dimanche 13 juillet – São Paulo

Le Movimento Moinho Vivo, le Comitê Popular da Copa SP e moradores et des habitant-e-s de la Favela de Moinho ont organisé un après-midi « A Outra Final«  (« Une autre finale »). Avec au programme, repas, samba, batucada, ateliers, jeux pour enfants, tournoi de foot, projection de la finale de la Coupe du monde (hé oui) puis discussions sur la Coupe du monde et les résistances dans la ville.

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Mardi 15 juillet – Rio de Janeiro

À l’appel entre autres de la Croix Noire Anarchiste de Rio (Cruz Negra Anarquista), rassemblement devant le Tribunal de Justiça de Rio, pour la libération des personnes emprisonnées pendant la Coupe du monde (dites « presxs politicxs »).

Jeudi 17 juillet – Rio de Janeiro

Suite aux arrestations du 12 juillet, nouveau rassemblement, cette fois à l’Université de l’État de Rio, pour la libération de tous les prisonniers politiques.

Mardi 22 juillet – Rio de Janeiro

Suite aux perquisitions du 12 juillet, 29 mandats d’arrêt ont été mis à exécution.

Un rassemblement devant le Tribunal de Justiça de Rio, entre autres à l’initiative du Frente Independente Popular – RJ, pour la libération de tous les « prisonniers politiques » et contre « l’état d’exception », s’est transformé en manifestation.

L’opportunisme des partis politiques comme les PSTU, PSoL et PCB a été dénoncé comme étant en partie responsable de la criminalisation montante des mouvements sociaux.

Pour la libération de Rafael Braga !
Liberté pour les prisonnier-e-s de la Coupe du monde !

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[Sources: Le Chat Noir Émeutier | Frente Independente Popular – RJ | Indymedia-Brésil | Croix Noire Anarchiste de Rio | Autogestao.org | So Foot | etc.]