Voilà maintenant 9 mois que l’on a ouvert un petit squat d’habitation sur Amiens (Picardie). La maison était vide depuis de nombreuses années, un ami l’avait déjà squattée en 2006. Le proprio était alors venu lui demander de bouger pour pouvoir effectuer des travaux. Huit ans plus tard, les travaux annoncés n’ont évidemment pas été effectués, et la maison pourrit sur pieds, fenêtres cassées, escaliers qui s’effondrent (que nous avons réparés depuis), cave inondée (nous avons également réparé les fuites), plafonds qui tombent en miettes etc.
Au bout de peut-être une semaine ou deux et une ou deux visites de la police le proprio déboule en personne pour nous dire de partir, on avait laissé les noms sur la boite aux lettres, on lui dit de les prendre et de faire une procédure. Il ne veut rien entendre nous insulte et nous dit que si l’on est encore là dans quinze jours il viendra avec une équipe de gros bras pour nous déloger de force. Un mois plus tard il revient, même menaces, insultes et autres propositions étranges que l’on n’a pas très bien comprises (aller voir Emmaüs, aller aux impôts pour que l’on nous coupe le RSA, partir chez « la mère Taubira »…). Depuis il est revenu effectuer ses menaces régulièrement, s’en est pris à un véhicule, retrouvé avec un rétro en moins, vitre explosée et les pneus dégonflés. La dernière fois il s’est un petit peu plus énervé et a fait clairement des menaces de mort en les hurlant dans la rue. Avec les voisins ça s’est toujours très bien passé, certains sont même contents qu’on soit là, que cette maison soit enfin habitée (elle serait vide depuis 15 à 40 ans selon les voisins interrogés).
Mais il y a quelques jours, le 20 juillet 2015, le Courrier Picard publie un article sur notre propriétaire, intitulé « On leur a volé leur maison », rempli de conneries évidemment, du genre:
« Après leur départ, ils ont mis ce logement en location. Lorsque le dernier locataire (une femme âgée qui a dû être hospitalisée) est parti, la maison est restée inoccupée quelques semaines. Le début de l’enfer… »
« Ils avaient forcé la grille d’entrée et fracturé les serrures de deux portes d’accès. Des carreaux ont été cassés aussi. »
« Ils étaient assez agressifs et avaient des chiens. » (Nous n’avons menacé personne)
« Ancien combattant, Gérard Lemahieu n’est pas un va-t-en-guerre. C’est plutôt un homme raisonnable et réfléchi »
« Je passe parfois devant, la lumière est tout le temps allumée alors que l’électricité est censée avoir été coupée. Elle se dégrade à vitesse grand V. »
Pour info, tout était fracturé et nous n’avons eu à laisser aucune trace d’effraction, de toute façon vu l’état de la maison sur les photos de l’article, on a du mal à imaginer que des gens puissent croire à ces conneries. Bref, un beau torchon, et comme avec le cas de Ouest France ça n’a pas tardé à être relayé sur les sites d’extrême droite, sans même parler des commentaires haineux directement à la suite de l’article. Sur les sites identitaires, le niveau reste sensiblement le même, c’est à dire assez bas. Sur Fdesouche, on lira:
Bref, ça pue l’affaire Maryvonne bis comme ils le disent si bien eux-mêmes. Sur Amiens, même si les collectifs de squatters se sont largement affinés ces dernières années on est encore nombreux et soudés et on sera en nombre suffisant pour les accueillir, on connaît assez d’activistes sur Paris ou Lille qui peuvent venir nous prêter main forte même en été mais il est toujours bon de lancer un appel et tout le monde est le bienvenu si ça dégénère parce que en face ils sont nombreux aussi, surtout dans le Nord.
La baraque n’est pas dure à trouver vu que ces abrutis sur leur article ont laissé toutes les infos nécessaires pour que cette petite rue tranquille devienne une arène, pour le plus grand bonheur des riverains qui, eux, n’ont réellement rien demandé. Quelqu’un est actuellement en contact avec le Courrier Picard pour tenter de faire publier un démenti. On vous tiendra au courant de la situation.
Merci à vous et à bientôt !
Les habitant-e-s du squat rue Docteur Roux
docteur [point] roux [at] squat [point] net