Ce mercredi 8 mars 2017, près de 200 femmes du Mouvement des Sans-Terres (MST – Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra) ont occupé une propriété de 3000 hectares près de Itatiaiuçu, dans la région du Minas Gerais, au Brésil. La propriété appartient à l’ex-milliardaire brésilien Eike Batista, considéré encore récemment comme l’homme le plus riche du Brésil – et l’une des plus grandes fortunes mondiales – et arrêté le mois dernier par la justice pour corruption et blanchiment d’argent. Près de 150 familles sans-terres prévoient de s’installer sur ces terres et de les cultiver. L’occupation a pris place au sein d’une journée d’action organisée par les femmes du Mouvement des Sans-Terres pour le 8 mars.
Au cours de cette même journée, des actions ont été réalisées dans tout le pays par des femmes liées au mouvement des sans-terres et au mouvement indigène: occupations de bâtiments publics, blocages d’usines, de sites industriels ou de routes, etc. Des sièges de la Sécurité Sociale ont été occupés dans plusieurs capitales et dans plus d’une vingtaine de villes contre la Réforme des retraites et les mesures d’austérité prises par l’actuel gouvernement néo-libéral de Michel Temer.
Dans le sud de l’État de Bahia, la raffinerie d’éthanol Santa Maria a été occupée. Dans le Mato Grosso do Sul, c’est la raffinerie São Fernando, près de Dourados – appartenant à une des plus riches familles de la région – qui a été bloquée. Dans la zone industrielle de Cubatão, près de São Paulo, l’usine d’engrais chimiques Vale Fertilizantes, du géant groupe minier Vale, a également été occupée.
Dans l’État du Maranhão, 14 blocages de route ont eu lieu simultanément.
Par ailleurs, ces derniers jours, une autre propriété a été occupée par des sans-terres à Abadia dos Dourados, dans le Minas Gerais.
Occupation de terres à Itatiaiuçu dans le Minas Gerais.
Série d’occupations de terres pendant le “Carnaval rouge”
Il y a quelques semaines, une autre série d’actions coordonnées avait été réalisée par un autre mouvement de sans-terres, le Frente Nacional de Luta. En pleine période du Carnaval, le mouvement a lancé un ”Carnaval Rouge”, appelant à des occupations de terres dans tout le pays. Des dizaines de propriétés ont alors été occupées dans 8 États différents (São Paulo, Mato Grosso do Sul, Bahia, Alagoas, Pernambuco, Sergipe, Mato Grosso et Distrito Federal). La plupart des occupations ont eu lieu dans l’ouest de l’État de São Paulo où une vingtaine de propriétés ont été occupées.
Depuis le Coup d’État institutionnel qui a amené au pouvoir l’actuel président Michel Temer (à l’issue de la destitution de Dilma Roussef du PT – Parti des Travailleurs), les actions des sans-terres se sont intensifiées. Plusieurs dizaines de propriétés avaient déjà été occupées dans tout le pays entre avril 2016 et le début de cette année. La répression contre le mouvement, quant à elle, s’est manifestée de façon plus violente. Au mois d’avril 2016, deux paysans sans-terres ont été tués et six autres blessés lors d’une attaque de la police au campement de Quedas de Iguaçu, dans la région du Paraná, au sud du pays. Au mois de novembre, c’est cette fois-ci l’École populaire Florestan Fernandes, située à São Paulo et liée au Mouvement des Sans-Terres, qui a été investie violemment par la police, sans aucun mandat. Une personne a été blessée et plusieurs personnes ont été arrêtées. Plusieurs autres membres du mouvement ont été arrêtés en d’autres endroits du pays au cours de la période, accusés de vol, invasion de propriétés, incendie criminels, port d’arme ou encore formation d’organisation criminelle.
[Sources: Estado de Minas, G1, Globo, Rede Brasil Atual, MST, Brasil de Fato et Terra de Direitos.]