Madrid: La Ingobernable, nous sommes toujours au cœur de Madrid

Pour nos amies.
Pour celles qui se battent tous les jours.
Pour celles qui sont parties.
En ce mois de révolte féministe, de rage organisée, de joie et de lutte, nous, les voisines de Madrid, rendons publique la récupération du bâtiment de la rue Alberto Bosch nº 4, comme nouvel espace commun et ouvert au cœur de Madrid. Aujourd’hui, en cette semaine plus que jamais, nous devons nous rappeler le rôle que les centres sociaux ont eu, ont et auront pour le mouvement féministe, comme espace de convergence, de construction et d’autogestion. L’attaque sur les centres sociaux est sans aucun doute une attaque directe contre le féminisme, que nous ne sommes pas prêtes à tolérer.
Ces dernières années, nous avons assisté à un spectacle lamentable dans lequel quelques personnes se partagent la ville, la vendant au plus offrant ou la remettant à des amis, tandis que d’autres sont chassées de nos quartiers. Récemment, nous avons appris que le bâtiment de La Ingobernable (Paseo del Prado 30) était à nouveau donné, dans le style du PP, à une fondation dirigée par l’ancien maire Gallardón pour construire un musée au lieu des dotations si promises pour le quartier que l’actuel maire, Martínez-Almeida, préconisait pendant la campagne électorale. Cette histoire nous est très familière car il y a quelques années, l’ex-maire Botella l’avait déjà donnée, pour 1 euro et à 75 ans, à un ami fondateur du PP.
Les espaces qui devraient servir à articuler des communautés fortes deviennent des lieux non habitables. La logique du marché exige que la ville soit dépouillée de tout ce qui la fait vivre et ne laisse que le squelette de ce qui peut être rentable : une vitrine qui tente d’imiter des lieux pleins de vie mais sans les inconvénients des personnes qui y vivent réellement. C’est pourquoi il est de notre responsabilité à toutes de répondre à ces attaques en récupérant de nouveaux espaces sociaux à partir desquels organiser la colère et défendre la joie.
Pourquoi pensons-nous que de tels espaces sont nécessaires ? Les centres sociaux sont essentiels pour contrer le consumérisme effréné, la marchandisation des loisirs et les propositions insoutenables du système. Ils favorisent la prise de conscience collective des situations d’injustice, ouvrent des espaces d’apprentissage et de diffusion de la pensée critique, tissent des réseaux de solidarité et rendent visibles des modes de vie alternatifs. En bref, ces espaces constituent des plateformes citoyennes à partir desquelles on peut comprendre, mais surtout vivre les luttes sociales.
Nous revendiquons la récupération des bâtiments vides pour le bien commun comme une pratique légitime. Légitime au nom du mouvement féministe, qui continuera à nous défendre contre le patriarcat et la dérive néofasciste du machisme présent dans les institutions. Légitime au nom du mouvement écologique qui défend chaque jour notre planète contre les politiques écologiques du capitalisme. Légitime au nom du mouvement du logement, qui se bat pour les voisins expulsés de leur quartier par l’action prédatrice des fonds vautours et de la gentrification. Elle est légitime au nom du collectif LGTBIQ+, qui se bat quotidiennement pour que nous n’ayons plus jamais à cacher notre diversité sexuelle et émotionnelle. Légitime au nom du mouvement antiraciste et antifasciste, qui continuera à lutter aux côtés des migrant.es et des personnes victimes du racisme face à leur criminalisation par les institutions et les médias. Légitime au nom d’une multitude de mouvements sociaux qui ne se conforment pas aux agressions et aux discriminations normalisées par le système.

Dès cet instant, nous faisons appel à toutes nos amies et vous invitons à participer à la création de la structure de ce nouveau centre social. Nous sommes nées avec le désir d’inclure toutes ces personnes et tous ces groupes qui cherchent à transformer le modèle injuste du système et de la ville dans laquelle nous vivons. Face aux politiques autoritaires qui cherchent à démanteler et à criminaliser les réseaux de solidarité, de coopération et de soutien mutuel, nous resterons unies pour créer des lieux de rencontre et de construction collective. Nous restons au cœur de Madrid.

Pour une vie en commun, nous étions, sommes et serons INGOBERNABLES.

La Ingobernable
https://squ.at/r/3ar6
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[Communiqué en espagnol publié le 4 mars 2020 par La Ingobernable. Photos du Salto Diario.]