Aujourd’hui, cela fait un an que les hommes cagoulés et armés de Chrysochoidis ont envahi le squat de réfugiés de Spirou Trikoupi 17 et le squat voisin de Transito. C’est tôt le matin qu’ils ont sorti de force de leur lit des familles avec de jeunes enfants – des gens qui, après bien des épreuves et des souffrances, avaient trouvé un endroit pour s’enraciner à nouveau dans ces bâtiments. Ils les ont pris chez elles et chez eux et les ont dispersé-es dans des camps misérables pour vivre dans la saleté et l’indifférence dans des tentes en toile. Depuis lors, une série d’attaques terroristes d’État sur les squats de réfugié-es et les squats politiques a conduit à des expulsions, des enlèvements de personnes, des passages à tabac et des arrestations. Les squats de réfugié-es ont fonctionné pendant de nombreuses années comme des expériences sans précédent d’antiracisme et d’antifascisme pratique, d’auto-organisation et de solidarité. Ces espaces ont donné à des milliers de personnes la possibilité de retrouver leur autonomie volée et le droit de définir leur propre vie loin des gardes humains et des contractants de la charité. Les familles avec des bébés, les femmes célibataires, les personnes LGBTQI+, les malades et les handicapé-es, les survivant-es de la torture ont tout-es été brutalement détaché-es de leur vie quotidienne et de leurs relations et n’ont été pris-e au piège que de l’impitoyabilité de l’État. Les squats politiques qui formaient des cellules d’action sociale dans les quartiers, défiant les idées dominantes du tourisme, de la propriété privée et de la commercialisation, qui ont transformé les villes en pyramides de classes concrètes de dépravation solitaire et de rivalité sociale, ont également été expulsés. Celles et ceux qui ont défendu ces squats ont fait face à une dure répression. Mais celle-ci s’étendait aussi aux simples voisin-es, comme cela s’est passé à Koukaki. Des portes ont été murées. Là où l’on entendait autrefois des voix, des chants et des rires, seul le silence résonne aujourd’hui. Là où la vie a déployé ses ailes, elle n’a laissé que la poussière de la désolation. Le dénigrement des squats par les mensonges monstrueux des médias est un objectif intégral de l’État, qui veut écraser toute sphère spatiale, sociale et idéologique, qui montre et prouve qu’il existe une autre façon de vivre, loin des hiérarchies de genre, de classe, d’ethnie et de religion. Que notre passage à travers le monde mérite d’être plus qu’une angoisse permanente de survie et une leçon d’obéissance, que nous pouvons jeter les poids d’une suspicion factice pour exprimer, créer, rêver collectivement. En même temps, il fait partie intégrante de la face la plus dégoûtante mais aussi la plus pure du pouvoir, de l’autoritarisme brut. Le plan d’expulsion massive des squats coïncide avec la militarisation de zones entières, avec l’extension du mécanisme de surveillance-répression et la barbarie policière qu’il inflige aux corps des combattant-es. L’année dernière, à Notara 26, le squat d’habitation pour réfugié-es et migrant-es, nous avons pleuré chaque espace de lutte qui est tombé entre les mains de l’ennemi. Nous avons pleuré pour chaque être humain qui a perdu l’espoir, pour chaque espoir d’une vie meilleure qui a été terni sous les bottes de la police. Nous avons ressenti de la colère pour les blessés dont la tête était ouverte, pour les regards tristes dans les bus et les cages de la police, pour les portes verrouillées. Nous avons été émus par chaque acte de résistance et par la tentative de reconquête des terres volées. Nous savons très bien, cependant, qu’aucune idée, aucun mouvement n’est expulsé. Nous acceptons nous-mêmes chaque jour la pression croissante du gouvernement avec des menaces d’expulsion, des propos insultants à l’égard des habitant-es et des personnes solidaires, des coups, des tentatives d’expulsion, un harcèlement constant, et même des slogans nazis dont nous avons été témoins par le triste entourage de la Police qui criait à l’extérieur du squat. Un an plus tard, nous sommes toujours là, plus forts, plus unis, plus déterminés que jamais avec une immense vague de solidarité qui nous embrasse, formant un cercle de soins autour de nous.
Nous faisons partie d’un mouvement aux multiples facettes qui « n’a pas peur des ruines » car il sait reconstruire, qui trouve des fissures pour s’échapper de toutes les cellules, qui hantera toujours les maisons vides et les cauchemars des tortionnaires… Le feu d’artifice le plus vivant dans l’obscurité la plus épaisse !
Notara 26
Exarcheia, Athènes
notara26 [at] riseup [point] net
https://squ.at/r/1d8u
Des squats à Athènes: https://radar.squat.net/fr/groups/city/athens/country/GR/squated/squat
Des squats expulsés à Athènes: https://radar.squat.net/fr/groups/city/athens/country/GR/field_active/1/squated/evicted
Des groupes à Athènes: https://radar.squat.net/fr/groups/city/athens/country/GR
Des événements à Athènes: https://radar.squat.net/fr/events/city/Athens/country/GR
Des squats en Grèce: https://radar.squat.net/fr/groups/country/GR/squated/squat
Des groupes (centres sociaux, collectifs, squats) en Grèce: https://radar.squat.net/fr/groups/country/GR
Des événements en Grèce: https://radar.squat.net/fr/events/country/GR
Article publié le 26 août 2020 sur Indymedia Athènes https://athens.indymedia.org/post/1606806/