Aujourd’hui, 1er octobre 2020, nous fêtons les 10 ans de la criminalisation des squats aux Pays-Bas. Même avec cette loi, des squats existent encore et d’autres s’ouvrent .
La loi a été créée pour mettre fin à la fois aux ouvertures de squats et pour empêcher que des bâtiments soient vides. Elle a échoué des deux côtés. Des bâtiments sont toujours vides et pour beaucoup de gens, squatter reste une nécessité. Après tout, ce n’est pas l’existence de bâtiments vides qui conduit au squat, mais plutôt le manque de logements accessibles.
Que vous squattiez, louiez ou cherchiez à acheter une maison, trouver un logement disponible (et abordable) est une véritable gageure.
Les listes d’attente restent longues. Les prix des loyers et des logements continuent d’augmenter dans tout le pays [1].
En 1911, les habitants d’Amsterdam consacraient 16,2 % de leurs revenus au logement. En 2015, les gens dépensaient 38,9 % [2].
Et non seulement les locataires dépensent en moyenne 40 % de leurs revenus pour le logement, mais ce sont les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables qui dépensent le plus [3].
Dans le secteur locatif privé, la situation est encore pire. Les jeunes adultes vivant dans le secteur privé consacrent 50 % de leurs revenus au loyer [4].
Cette situation se retrouve dans tout le pays. Depuis 1996, les loyers ont augmenté de 21 % au niveau national, alors que les salaires n’ont augmenté que de 8 % [5].
Étant donné le niveau d’extorsion dans le secteur locatif (et le fait que squatter est devenu illégal !), il n’est pas surprenant que le nombre de sans-abri aux Pays-Bas ait doublé entre 2009 et 2018, pour atteindre près de 40 000 personnes [6]. Et étant donné les nouvelles conditions économiques provoquées par la pandémie, nous ne pouvons que supposer que ce nombre est en augmentation.
Et alors que 40 000 personnes se débattent dans la vie sans avoir d’endroit pour vivre, on estime que 100 000 logements sont vides dans tout le pays [7]. Et ce chiffre n’inclut même pas les dizaines de millions de mètres carrés de bureaux vides. Apparemment, le gouvernement a oublié de mettre en œuvre la deuxième partie de sa loi de 2010… la partie qui était censée traiter du vide.
De plus, le vide est caché par des sociétés anti-squat qui placent des « gestionnaires de vacances, de gardiennage » à l’intérieur des bâtiments. Ces sociétés font payer des personnes désespérées qui n’ont guère d’autres options (voire aucune) pour accepter de céder leurs droits au logement en échange d’un lieu de vie temporaire et extrêmement précaire.
Les sociétés anti-squat sont réputées pour laisser les bâtiments presque entièrement vides, à l’exception de quelques « gestionnaires de logements vacants » solitaires. Après tout, il suffit d’une seule personne pour qu’ils déclarent que le bâtiment soit utilisé et empêchent ainsi qu’il soit squatté. Aux Pays-Bas, 50 000 personnes vivent ainsi [8] !
Dans de telles conditions, l’occupation, l’ouverture de bâtiments est une nécessité. Légale ou pas.
Vous ne pouvez pas vivre sur une liste d’attente.
Les droits des squatters sont des droits au logement
Actions dans tous les Pays-Bas après 10 ans d’interdiction de squatter.
Aujourd’hui, 1er octobre 2020, c’est le dixième anniversaire de l’introduction de la loi sur le squat et la vacance de bâtiments. Bien que l’objectif de cette loi soit de lutter contre la vacance de bâtiments, peu de choses semblent avoir changé après dix ans. Les Pays-Bas comptent plus de 30 millions de mètres carrés de biens immobiliers inoccupés. La moitié d’entre eux sont des maisons : 110 000 maisons sont vides. Dans le même temps, il manque 263 000 logements. C’est pourquoi des actions sont menées dans tout le pays pour dénoncer à la pénurie actuelle de logements et pour montrer que le squat est une option légitime.
Krakelaar ! Votre squat, notre affaire !
Hier soir, à La Haye, Utrecht, Amsterdam, Ede-Wageningen et Groningen, des affiches du « Krakelaar » ont été accrochées sur des bâtiments vides. Les affiches contiennent le texte : « A squatter », pour indiquer que la maison peut être squattée. En outre, des banderoles ont été accrochées à différents endroits du pays, sur lesquelles on peut lire : « Occupe la crise », « Vous ne pouvez pas vivre sur une liste d’attente. Les droits des squatters sont des droits au logement ».
Une solution directe
Par cette action ludique, les squatters et les sympathisant-es veulent attirer l’attention sur les lieux de vie collective qui sont expulsés depuis des décennies pour faire place à du vide, les bâtiments restants vacants. Au lieu de compter sur les autorités locales, régionales ou nationales qui devraient s’attaquer à la pénurie de logements, les squatters estiment que l’occupation reste une solution directe, sans liste d’attente.
La communauté tente de soulever la question des anti-squat gardiens de bâtiments inoccupés. Les étudiant-es et autres résident-es précaires se voient souvent proposer un contrat dans lequel, bien que les coûts soient faibles, les droits au logement et à la location sont considérablement réduits, voire supprimés.
Le mouvement des squatters est toujours vivant
Squatter est toujours possible en 2020. « Nous sommes lentement poussé-es de plus en plus loin des villes, mais le mouvement des squats est toujours vivant », dit l’un-e des militant-es. La création d’espaces de vie et de travail autonomes et créatifs est nécessaire tant qu’il n’y a pas d’autre endroit où les initiatives sociales, politiques et culturelles peuvent se développer ».
Vous envisagez de squatter ?
Si vous envisagez de squatter, un bon endroit pour obtenir des informations est votre KSU local (le Kraak Spreek Uur), le service autogéré d’assistance au squat. Voici une liste des KSU aux Pays-Bas: https://radar.squat.net/fr/groups/country/NL/topic/spreekuur-ksu
Des squats aux Pays-Bas: https://radar.squat.net/fr/groups/country/NL/squated/squat
Des groupes (centres sociaux, collectifs, squats) aux Pays-Bas: https://radar.squat.net/fr/groups/country/NL
Des événements aux Pays-Bas: https://radar.squat.net/fr/events/country/NL
Sources:
[1] https://nltimes.nl/2020/08/21/netherlands-house-prices-still-rising-74-july
[2] https://nos.nl/artikel/2347206-zorgen-over-hoge-huren-slokt-groot-deel-inkomen-op.html
[3] https://www.nul20.nl/huurders-amsterdam-zijn-ruim-40-procent-van-hun-inkomen-aan-woonlasten-kwijt
[4] https://www.volkskrant.nl/nieuws-achtergrond/stadsgeograaf-cody-hochstenbach-pleit-voor-meer-regie-op-de-woningmarkt-omarm-de-nederlandse-volkshuis-vestelijke-traditie~be7ae710/
[5] https://nos.nl/artikel/2347206-zorgen-over-hoge-huren-slokt-groot-deel-inkomen-op.html
[6] https://www.cbs.nl/nl-nl/nieuws/2019/34/aantal-daklozen-sinds-2009-meer-dan-verdubbeld
[7] https://www.volkskrant.nl/economie/kan-leegstandsbelasting-niet-in-vvd-programma~b88fb25f/
[8] https://zoek.officielebekendmakingen.nl/ah-tk-20192020-1043.html
https://www.cbs.nl/nl-nl/nieuws/2019/48/meeste-oppervlakteleegstand-bij-kantoren-en-winkels
https://www.capitalvalue.nl/nieuws/woningtekort-loopt-op-naar-263-000-woningen
WoningStrijd http://woningstrijd.org/
Indymedia le 1er octobre 2020 https://www.indymedia.nl/node/48412
De Krakelaar en action, Utrecht, 1er octobre 2020:
Burgemeester Reigerstraat, Utrecht