Le collectif qui squattait le bâtiment du 39 rue Gobernador a annoncé ce matin (le 2 mai) l’occupation d’un bâtiment au 5 rue Cruz pour « résister en commun et conquérir de nouveaux droits ».
Avec le slogan « Les droits sociaux pour tout changer », le collectif de La Ingobernable a lancé ce nouveau projet qu’il a appelé Office des droits sociaux (ODS, Oficina de Derechos Sociales). Dans un communiqué, iels expliquent que ce projet servira à « résister en commun et à conquérir de nouveaux droits » car iels ne peuvent « plus attendre » et soulignent que la crise actuelle du covid19 « nous frappe avec d’autres pandémies : les files d’attente de la faim, la méfiance, le fascisme, la précarité, le racisme, la spéculation, la solitude, le pessimisme et la peur », déplorent-iels.
L’ODS aura sept axes qui répondent à sept urgences sociales : le droit au logement, le droit à l’alimentation, le droit de manifester, la précarité du travail, les transféminismes et la contestation, le revenu de base et la santé communautaire. C’est ce contexte d’urgence sociale qui a poussé le collectif à brandir le slogan « Les droits sociaux pour tout changer », avec l’engagement de « résister en commun » et d’ouvrir cet espace où « se développer, protéger et lutter pour les droits sociaux ».
« De la même manière qu’une voisine expulsée approche le mouvement pour le logement en voulant arrêter sa propre expulsion et finit par se joindre à d’autres pour les arrêter toutes », explique le communiqué, « nous libérons un espace où politiser le quotidien, qui sert à nous soutenir et donc à être plus fort-es ». En outre, avant les mesures de sécurité prises par le covid, « l’ODS de La Ingobernable est un lieu sûr, puisque nous avons un protocole covid convenu et rédigé avec l’avis du personnel de santé ».
Ce type d’outil n’est pas nouveau. Nés de mouvements sociaux autonomes et de centres sociaux en 2000, les ODS étaient un dispositif d’agitation et d’accompagnement des processus d’auto-organisation, principalement contre la précarité dans le domaine de l’emploi, des sans-papiers et de l’accès au logement. Son outil central était le conseil collectif : une assemblée pour écouter le malaise de chacun-e et partager les différentes connaissances avec lesquelles l’affronter en commun. Aujourd’hui, La Ingobernable reprend ce format de connaissance collective et lui donne une maison au cœur de Madrid.
Il s’agit de l’ancien Hostal Cantábrico de la Calle Cruz 5, entre la Plaza Sol et le Congreso de los Diputados, fermé depuis plus de 5 ans et appartenant aux frères Fernández Luengo, plus connus pour être les propriétaires de la chaîne de salons de coiffure Marco Aldany (acronyme du nom des trois frères : Marcos, Alejandro et Daniel). La famille Fernández Luengo, outre l’entreprise Marco Aldany et les plus de 10 franchises de salons de coiffure, de salles de sport et de produits de beauté, possède un vaste empire immobilier avec plus de dix sociétés et de multiples propriétés et entreprises. La société mère de la famille, ZZ Inmobilari Próxima, qui comprend les trois frères et leurs parents, possède un patrimoine de 12 millions d’euros en terrains et de 58 millions d’euros en propriétés. En outre, les frères possèdent également l’Hostal Residencia Arti à Gran Vía, l’Hôtel Ciudad de Alcalá, à Alcalá de Henares, un conglomérat dans le domaine des résidences pour étudiant-es avec huit de ces centres, ainsi qu’une autre société immobilière avec au moins 19 appartements répartis entre Atocha, Malasaña et Gran Vía.
Les frères Luengo et Desokupa
Le fonds immobilier familial, ZZ Inmobilari Próxima, possède également l’immeuble du 5, rue Barbieri à Madrid, squatté en juin 2018 et baptisé Centro Social Okupado Transfeminista La Pluma. Mais le séjour dans le bâtiment a été de courte durée, car le lundi 25 juin au matin, au moins quinze personnes non identifiées ont participé à une brigade d’expulsion extrajudiciaire qui a conduit à l’expulsion des personnes qui avaient passé la nuit à La Pluma. L’intervention de cette bande de voyous a fait trois blessés qui ont dénoncé à la police locale les agressions et les insultes homophobes qu’ils ont reçues de la part des agresseurs.
En l’absence de clôture du procès, Daniel Fernández Luengo fait l’objet d’une enquête de la justice, accusé de crime de haine pour avoir été celui qui a donné l’ordre à la compagnie de voyous d’expulser les personnes qui se trouvaient dans l’immeuble sans décision de justice.
Oficina de Derechos Sociales
La Ingobernable
Calle de La Cruz 5
28014 Madrid
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El Salto, le 2 mai 2021 https://www.elsaltodiario.com/la-ingobernable/abre-oficina-derechos-sociales-centro-de-madrid