Les tribunaux de Santa Coloma de Gramenet et de Barcelone se sont alignés sur la police catalane pour procéder aujourd’hui, 30 novembre, à la mise en chantier de trois immeubles appartenant à Sareb et à une société d’investissement basée au Luxembourg.
Dans un communiqué commun publié par le Kubo et la Ruina de Bonanova à Barcelone et par Estudi 9 de la vieille ville de Santa Coloma de Gramenet, il est annoncé que ce jeudi 30 novembre, « nos maisons sont des tranchées »… Iels considèrent que la suspension de la date d’expulsion précédente de l’immeuble Colomense était une « tentative de diviser notre lutte », mais iels avancent que « cela leur coûtera cher, nous savons jouer nos propres stratégies ».
La mobilisation a commencé aux premières heures de la matinée, avec une marche de la place Uri Caballero à Vallcarca jusqu’à la place Bonanova, à côté de l’endroit où se trouvent le Kubo et la Ruina. À Santa Coloma de Gramenet, le rassemblement a eu lieu dans la rue Pedró, où se trouve le centre social Estudi 9, épicentre de la lutte contre un plan d’urbanisme promu par la maire Núria Parlón (PSC).
Les trois bâtiments sont entre les mains de grands propriétaires. Dans le cas des propriétés de Bonanova, son propriétaire est la Société de gestion des actifs issus de la restructuration bancaire (SAREB), un organisme créé avec une contribution de 60 000 millions d’argent public dans le but de sauver le système bancaire de la crise financière d’il y a quinze ans.
L’entreprise à l’origine de l’expulsion de Santa Coloma de Gramenet est Hiperion Activos Inmobiliarios, une filiale de Saturno Holdco SA, qui est à son tour une façade pour la société luxembourgeoise Ocm ReDes Holdco Sarl. Si l’on suit la piste du registre du commerce, il est associé à Coparalq Holdco et tous deux gérés par des dirigeants du groupe néerlandais Intertrust, qui apparaît dans les Panama Papers des sociétés opérant dans des paradis fiscaux. De Santa Coloma de Gramanet à Panama, en passant par le Luxembourg.
« Ils ne supportent pas que nous nous organisions à la marge et que nous ne respections pas leurs titres de propriété. Il est évident que nos pratiques représentent un danger pour la fausse paix et l’uniformité sociale et nous sommes clair-es sur le fait que nous n’allons pas jouer leur jeu », ont déclaré les militant-es de Bonanova. Et de l’autre côté de Besòs, iels ajoutent : « Si leur stratégie était d’unifier deux expulsions pertinentes pour rendre leur travail plus efficace, notre réponse est claire : coordonner et affronter la répression avec plus de force. »
400 policiers anti-émeutes lors de l’expulsion de Bonanova
L’action de la Brigada Móvil (Brigade mobile) a commencé à cinq heures et demie du matin, lorsqu’une douzaine d’agents ont placé les premières clôtures de protection de la mairie de Barcelone sur la Plaça de la Bonanova. Une quarantaine de fourgonnettes de l’unité centrale anti-émeute, arrivant de l’immeuble Egara à Sabadell, y participent. Puis, à l’aide d’un haut-parleur, ils ont averti du début de l’intervention pour remettre les lieux aux représentants de Sareb, qui sont déjà présents, accompagnés de l’entourage judiciaire.
À six heures, les premiers pétards sont lancés par les activistes qui résistent depuis les bâtiments de la Ruina et El Kubo. Une première tentative de la police d’accéder à la cour de l’immeuble a été contrecarrée par la grande quantité d’objets et de liquides qui ont été lancés depuis les fenêtres. Plus d’une centaine de manifestant-es se sont déplacé-es en solidarité depuis la place Uri Caballero à Vallcarca. Au moins une personne s’est suspendue avec des cordes sur la façade du Kubo et trois autres se sont assises sur le toit de la Ruina.
Les agents de l’équipe E-800 de la Brigade mobile, équipés de radios autonomes alimentées par batterie, ont accédé à la cour des deux bâtiments en se déplaçant à l’intérieur d’une cage rudimentaire grillagée pour éviter l’impact d’objets. De l’intérieur, iels ont essayé de les effrayer en leur jetant de la poudre d’extincteur. Les dépenses publiques du déploiement policier actuel dépassent les 125 000 euros, y compris les salaires des agents et la logistique utilisée. Peu avant 10 heures, les pompiers sont arrivés sur les lieux, qui, selon des sources de la mairie de Barcelone, n’effectueront que des tâches de « révision » de la structure des bâtiments.
Dans le même temps, une centaine de policiers anti-émeutes de l’ARRO Metropolitana Nord procèdent à l’expulsion du centre social Estudi 9 de la rue Pedró à Santa Coloma de Gramenet. Le bâtiment est à l’épicentre d’un plan d’urbanisme controversé combattu par le mouvement de quartier dans la région. L’immeuble appartient à une société commerciale basée au Luxembourg et ayant des liens avec des paradis fiscaux. Ses administrateurs figurent sur la liste des fraudeurs fiscaux des Panama Papers, publiée par le Consortium international des journalistes d’investigation. Cet après-midi, à partir de 19 heures, une manifestation conjointe de la Ruina, El Kubo et Estudi 9 est prévue dans les rues de Santa Coloma de Gramenet.
CSO La Ruïna
Carrer de Sant Joan de La Salle 4, Barcelone
https://squ.at/r/7yo0
El Kubo
Carrer de Sant Joan de La Salle 6, Barcelone
https://squ.at/r/9szo
CSO La Ksa Estudi 9
Carrer Padró 14, Santa Coloma de Gramanet, Barcelone
https://squ.at/r/7m3v
Des squats à Barcelone https://radar.squat.net/fr/groups/city/barcelona/country/XC/squated/squat
Des squats en Catalogne https://radar.squat.net/fr/groups/country/XC/squated/squat
Des groupes (centres sociaux, collectifs, squats) en Catalogne https://radar.squat.net/fr/groups/country/XC
Des événements en Catalogne https://radar.squat.net/fr/events/country/XC
Jesús Rodríguez, El Salto/La Directa https://www.elsaltodiario.com/centros-sociales/desalojo-tres-centros-sociales-barcelona