Un récit de la reprise de la salle de la Cité à Rennes le 27 mai 2016
Cela fait deux semaines que tout le monde y pense. Depuis l’expulsion de la Maison du Peuple Occupée (MPO) le 13 mai et la mise en place d’un énorme dispositif policier dans la ville, il est clair pour le mouvement à Rennes que reprendre ce lieu était une nécessité. Aujourd’hui 27 mai, c’est chose faite. Discrétion oblige, le secret avait été maintenu sur le moment de cette action. C’est un groupe d’une centaine de personnes participant à l’Assemblée Générale Interpro qui s’est engouffré en quelques minutes par une porte miraculeusement ouverte. Très vite, plusieurs dizaines de personnes montent sur le toit pour bien montrer à tous que la Maison du Peuple est de nouveau occupée.
L’AG prévue se tient malgré tout à l’intérieur. Juste retour de bâton : les barricades mises en place par le personnel de la mairie pour nous empêcher de reprendre notre maison sont renforcées. Elles serviront désormais à retenir dehors les forces de l’ordre. Celles-ci sont effectivement présentes. Toute la Compagnie Départementale d’Intervention (CDI) de Rennes ainsi que plusieurs équipes de BAC sont déployées pour couvrir les entrées de la MPO afin d’en empêcher l’accès aux gens qui par centaines se sont réunis devant. Pendant plusieurs heures, par des chants, des slogans, dans la rue ou sur les toits, on se soutient les uns les autres. Tous ont conscience que ce qui fait la force du mouvement à Rennes, c’est cette capacité à agir ensemble.
Un peu avant 21h, les lignes de flics reculent et se retirent peu à peu. La journée est gagnée. Le temps (un peu long) de défaire certaines barricades et les portes s’ouvrent. Ceux qui s’étaient regroupés dans la cour rejoignent ceux qui tenaient à l’intérieur. On hurle sa joie, on se sert la main, on s’embrasse. Sur tous les visages, rayonne ce petit sourire de victoire que l’on voyait déjà le 3 mai lors de la première défense réussie du lieu.
Une assemblée se réunit dès que tout le monde a gracieusement savouré sa bière de la victoire. Si on est bien conscient de la précarité de cette nouvelle occupation, on se jure que cet endroit est à nous et qu’il devra le rester. A l’unanimité, on vote qu’en cas d’expulsion, une manifestation sera organisée à 20h le jour même.
Nous reprenons ce qui est à nous ! Et cela ne fait que commencer…
[Publié le samedi 28 mai 2016 sur Indymedia-Nantes.]