Après l’incendie d’une pièce du squat le Carré, 15 rue Salomon Reinach, le proprio Grand Lyon Habitat et les flics en ont profité pour expulser illégalement les habitant-es et voler leurs affaires. Le Tribunal avait pourtant autorisé le squat à rester jusqu’en mai 2022.
Lundi 14 février en début d’après midi, une pièce du squat le Carré, rue Salomon Reinach à la Guillotière, a pris feu. Ce squat, installé depuis 2 ans (ouvert en février 2020), faisait l’objet d’une procédure en justice et le Tribunal de Lyon avait accordé aux habitant-es le droit de rester jusqu’en mai 2022, rejetant la demande d’expulsion immédiate de son propriétaire Grand Lyon Habitat.
Les pompiers sont arrivé-es rapidement sur place et ont évacué le bâtiment, habité par une trentaine de personnes précaires, en grande majorité des familles avec enfants. Le feu ne s’est pas répandu hors de la pièce où il a démarré (dans des circonstances pour l’instant inconnues) et n’a pas endommagé le reste de l’immeuble, qui a « seulement » été envahi par d’épaisses fumées. Certain-es habitant-es, bloquées par ces fumées, ont dû sauter du 1er étage. Six d’entre elles ont été blessées par les fumées, mais tout le monde est maintenant sorti de l’hôpital sain-e et sauf-ve.
Une fois tout le monde sorti et le feu maîtrisé, les habitant-es ont dû attendre plusieurs heures dans le froid et l’incertitude, ne sachant pas si iels pourraient ou non regagner leurs domicile. En plus de cette situation déjà anxiogène, iels ont dû subir une forte présence policière très menaçante, des bacqueux se tenant en face d’elleux avec une gazeuse à la main pour, de leurs propres mots, « soigner ceux qui en ont besoin ».
Des habitant-es laissé-es à la rue par la mairie
Un gymnase a finalement été ouvert par la mairie de Lyon dans la soirée pour héberger les habitant-es, une procédure classique pour des victimes d’incendie. Les habitant-es qui n’étaient pas dans l’immeuble au moment de l’incendie n’ont pas été réhébergé-es dans ce gymnase et se sont retrouvé-es à la rue. Lorsqu’on a demandé à une bénévole de la Croix-Rouge, qui gère le gymnase, si des habitant-es absent-es lors de l’incendie pouvaient venir, elle a refusé en disant que « si tous les SDF de Lyon se pointent au gymnase, on n’en a pas fini ». Du coup, avec la mairie de Lyon, pour avoir droit à un hébergement quand son domicile brûle, il faut être chez soi au moment où ça arrive. Celleux qui étaient en déplacement professionnel, pas disponibles ce jour-là ou juste dépanné-es par des ami-es pour une nuit peuvent aller se faire foutre… Merci la mairie !
Ce lundi 21, après une semaine, le gymnase a été fermé. Des propositions de ré-hébergement ont été faites à certain-es habitant-es, mais d’autres ont été remis-es dehors. Un père a été empêché de dormir avec sa famille dans le foyer où on leur avait promis une place et est maintenant à la rue. Plusieurs autres hommes et femmes célibataires n’ont pas eu de solution et ont été remis-es à la rue par la mairie.
Vol d’affaires et bâtiment muré en toute illégalité par Grand Lyon Habitat
Depuis l’incendie, les habitant-es se voient refuser l’accès au bâtiment par les flics et Grand Lyon Habitat. Ces derniers ont fait placer des agents de sécurité 24h/24 devant les entrées. Les habitant-es n’ont finalement eu qu’un créneau de quelques heures pour récupérer « uniquement les choses dont vous avez besoin au gymnase », selon les mots des responsables de Grand Lyon Habitat présents sur place, qui avaient promis qu’il y aurait d’autres créneaux plus tard pour récupérer le reste des affaires. À ce moment, des habitant-es se sont rendu-es compte qu’iels s’étaient fait voler des affaires de valeurs (des airpod, une perceuse, une disqueuse…) par les ouvriers, les flics la sécu ou le personnel de Grand Lyon Habitat (personne d’autre n’a eu accès à l’immeuble puisqu’il y avait la sécu devant).
En fin de semaine, en dépit de sa promesse, Grand Lyon Habitat a fait murer l’ensemble des portes et fenêtres des deux premiers étages. Une manière d’empêcher de fait tout accès au bâtiment, que ce soit pour se réinstaller ou pour récupérer les affaires encore à l’intérieur.
Une décision du Tribunal interdit pourtant toute expulsion avant mai 2022
Le 20 mai dernier, le Tribunal de Lyon avait pourtant donné le droit aux occupant-es de rester dans les lieux pour 12 mois, soit jusqu’au 20 mai 2022. De ce que nous avons pu voir en allant récupérer les affaires dans l’immeuble et de ce que nous ont dit les ouvriers et personnels de Grand Lyon Habitat, la structure de l’immeuble n’a pas été endommagée par le feu. Le bâtiment ne présente pas de risques, d’ailleurs pendant plusieurs jours les gens de Grand Lyon Habitat se baladaient tranquillement à l’intérieur sans précaution particulière, commençant visiblement les repérages pour leur projet de rénovation de l’immeuble. La décision du tribunal leur ordonnait pourtant d’attendre mai 2022 pour commencer, après l’expulsion légale des habitant-es.
Grand Lyon Habitat a donc profité de cet incendie pour expulser en toute illégalité une trentaine de personnes qui ont légalement le droit de rester dans l’immeuble pour encore 3 mois. Cette expulsion s’est faite avec l’aide des flics et d’une sécu privée, et la complicité de la mairie de Lyon. Respecter la loi et la décision d’un tribunal, visiblement tous ces gens s’en foutent quand il s’agit de mettre des précaires à la rue et de leur voler leurs affaires.
Du coup, des recours en justice vont être faits contre Grand Lyon Habitat. Affaire à suivre.
Le collectif d’habitant-es et de soutiens du squat le Maria Carré.
Le Maria Carré
15 rue Salomon Reinach
La Guillotière, Lyon
lemaria [at] riseup [point] net
https://squ.at/r/7ub2
PS: Grandes Raclures Habitats
On rappelle que ce n’est qu’une énième pratique dégueulasse de Grand Lyon Habitat et des autorités contre ce squat :
• Squat : portes cassées, intrusion et fichage… les méthodes dégueulasses de Grand Lyon Habitat
• En plein hiver et en toute illégalité, Grand Lyon Habitat perce le mur d’un squat !
• Les flics saccagent des poubelles devant un immeuble de la Guillotière et font des contrôles racistes
Cet acharnement du bailleur « social » ne se limite pas aux squats, mais aussi contre ses locataires « classiques ».
Les sans papiers https://radar.squat.net/fr/groups/topic/sans-papiers
Des squats à Lyon https://radar.squat.net/fr/groups/city/lyon/squated/squat
Des squats expulsés à Lyon https://radar.squat.net/fr/groups/city/lyon/field_active/1/squated/evicted
Des groupes (centres sociaux, collectifs, squats) à Lyon https://radar.squat.net/fr/groups/city/lyon
Des événements à Lyon https://radar.squat.net/fr/events/city/Lyon
Rebellyon, le 26 février 2022 https://rebellyon.info/L-incendie-rue-Salomon-Reinach-pretexte-23730