[Février 2011]
La gestion des mouvements de population est l’une des priorités des États. Il s’agit, notamment, de sélectionner au plus près la main-d’œuvre nécessaire à l’économie, ceci dans un contexte général de dégradation des conditions de vie. Cette sélection impose le renforcement de l’enfermement des personnes dites indésirables, des contrôles aux frontières et des rafles, des visas au compte-goutte et l’intensification de la lutte contre celles et ceux qui d’une manière ou d’une autre vont à l’encontre de la mise sous contrôle des mouvements de population. Depuis quelques années, les services de police font un gros travail de fichage des gens qui luttent contre les centres de rétention et les rafles et contre la machine à expulser en général. Les ministres de l’Intérieur de l’Union Européenne multiplient les rencontres pour intensifier la lutte contre ce qui serait selon eux une même menace : « l’immigration clandestine et le terrorisme ». Dans le même temps, les luttes de solidarité avec les sans-papiers sont transformées en « associations de malfaiteurs » ou « bandes organisées » ou autre catégorie policière telle que « mouvance anarcho-autonome » qui feraient planer des menaces terroristes. Ces catégories dessinent une figure de l’ennemi, agitée à tout bout de champ, qu’il soit « l’étranger » ou « l’ennemi intérieur ». À Paris, en juin 2008, le centre de rétention de Vincennes crame après plusieurs mois de luttes (grèves de la faim, mutineries…). Un procès contre les 10 sans-papiers inculpés de l’incendie a lieu en janvier 2010. En solidarité, des initiatives se multiplient contre les entreprises qui participent aux expulsions : tags, débats, banderoles, manifestations, sabotages, occupations, dans plusieurs villes de décembre 2009 à juin 2010. L’État tente de briser la solidarité en procédant l’an dernier à une quinzaine de perquisitions et une dizaine de mises en examen. Read More