Brésil: Violence d’État et résistances…

Au Brésil, quelques jours après la fin de la Coupe du monde de football, qui a donné lieu à une très forte intensification de la répression et des violences policières, certains faits montrent comment la population continue de répondre coup pour coup à la violence dont elle est la cible.

Le mercredi 16 juillet 2014, la population d’Amargosa – ville de 40 000 habitant-e-s située à 200 km de Salvador de Bahia – s’est soulevée après qu’un enfant d’un an et demi ait été tué au cours d’une opération policière.

Révolté-e-s, des habitant-e-s ont envahi le commissariat de la ville, libéré les 16 prisonniers qui y étaient détenus, pris possession des armes présentes sur place avant de détruire les locaux et d’incendier le bâtiment. En plus du commissariat, ils/elles ont aussi brûlé les véhicules de police. Les quelques gradés et policiers présents se sont retrouvés quelque peu dépassés… Ces derniers, ainsi que la juge et l’huissier de justice de la ville, se sont réfugiés dans un hôtel, craignant pour leur sécurité. Une vingtaine de véhicules, une trentaine de motos ainsi qu’un bus ont également été incendiés cette nuit-là. Le lendemain, d’importants renforts de policiers ont été envoyés dans la ville. Personne n’aurait encore été arrêté, pour l’instant.

Bus incendié durant les émeutes à Amargosa.

Bus incendié durant les émeutes à Amargosa.

Bus incendié durant les émeutes à Amargosa.

Le même bus incendié durant les émeutes à Amargosa.

Ce qui reste du commissariat au lendemain des émeutes à Amargosa.

Ce qu’il reste du commissariat au lendemain des émeutes à Amargosa.

Quelques jours plus tôt, le 13 juillet, à Santa Luzia, en banlieue de Belo Horizonte, plusieurs personnes s’étaient révoltées à cause de dysfonctionnements dans le tout nouveau système de bus mis en place à l’occasion de la Coupe du monde. Un bus ainsi que tout l’équipement électronique, les écrans et les tourniquets du terminal de bus ont été détruits. Les agents de sécurité ont fait appel aux forces de l’ordre mais lorsque celles-ci sont arrivées le groupe d’agité-e-s avait déjà disparu.

Le 21 juillet, un poste de l’Unité de Police Pacificatrice de la favela Morro do Alemão, dans la zone nord de Rio de Janeiro, a été attaqué pour répondre à la mort de Matheus Alexandre da Silva, 18 ans, durant une opération policière contre des « narcotrafiquants ». Le poste de l’Unité de Police a été criblé de balles puis en partie incendié, tandis qu’un véhicule de police est parti en fumée. Un homme de la Police Militaire (PM) blessé par balle durant l’action a été emmené à l’hôpital. En représailles, le Bataillon d’Opérations Spéciales (le fameux Bope) et le Bataillon de Choc ont été appelés à intervenir dans la favela, qui fait déjà l’objet d’une très forte présence policière et militaire en temps normal. Les 35 écoles de la région ont été fermées par crainte de « violences ». La PM a quadrillé une partie de la région et monté des barrages de police en quête des suspects. Le Morro do Alemão appartient au Complexo do Alemão qui regroupe treize favelas. Le Complexo est occupé par la PM depuis novembre 2010 au travers de huit Unités de Police Pacificatrice disséminées dans différentes favelas. Ces derniers temps, les mouvements de révolte contre l’occupation policière se sont multipliés dans la région où la PM fait régulièrement de nouvelles victimes.

Base de l'Unité de Police Pacificatrice au lendemain de l'incendie.

Base de l’Unité de Police Pacificatrice au lendemain de l’incendie.

Restes d'un véhicule de l'UPP.

Restes d’un véhicule de l’UPP.

Police Militaire dans le Complexo do Alemão

Police Militaire dans le Complexo do Alemão.

[Sources: Em.com.fr & Globo A, B, C.]