Barcelone: Ca l’Espina toujours squatté malgré la tentative des Mossos de les expulser

Le groupe qui a précédemment squatté Ca la Trava et Ka la Kastanya dénonce que l’opération de police qui a tenté d’expulser le centre social de la Carrer d’Asturies a été menée sans ordonnance du tribunal.

Mercredi à 7 heures du matin, l’escadron de Mossos d’Esquadra, composé de fourgons anti-émeute, a occupé le quartier de Gràcia à Barcelone. L’objectif était d’expulser Ca l’Espina, un centre social squatté situé au numéro 12 de la rue Asturias. « Les fourgons de police sont allés de Fontana à Lesseps », explique le groupe qui occupait le bâtiment en janvier 2020. « Il y a eu une militarisation du quartier, totalement disproportionnée », ajoutent-iels.

L’îlot d’appartements situé au centre de la ville est composé de quatre étages de logements et d’un local au rez-de-chaussée. Lorsque les membres du projet ont appris que la police voulait entrer par effraction dans Ca l’Espina, iels ont bloqué les accès qui vont des locaux aux maisons dans lesquelles une quinzaine de personnes vivent aujourd’hui.

Finalement, les Mossos d’Esquadra n’ont pu entrer que dans les locaux. C’est alors qu’Òscar et Joan Fradera, tous deux parents et propriétaires du domaine et de la société immobilière Bojous S.L., sont apparus avec un architecte et une équipe d’ouvriers. Selon les rapports de Ca l’Espina, l’agence immobilière a l’intention de réaliser des travaux qui comprennent l’installation d’un ascenseur. « Nous avons pu vider les lieux grâce à la médiation de l’équipe de travailleurs, mais pour l’instant, l’espace est gardé par deux agents de sécurité ; c’est-à-dire que nous vivons pratiquement ensemble », expliquent-ils depuis l’immeuble squatté.

Lors de l’opération, une trentaine de personnes ont manifesté dans la rue contre l’expulsion et une dizaine ont été contrôlées par les forces de l’ordre.

Le problème avec cette affaire, c’est que l’action de la police pourrait être en marge de la loi. Les personnes qui composent le projet Ca l’Espina dénoncent que les Mossos d’Esquadra se soient présentés à leur domicile sans ordonnance du tribunal et constatent des irrégularités dans tout le processus judiciaire qui a été mené contre le centre social squatté. « Une fois l’occupation menée, nous avons reçu une plainte pénale que le juge a rejetée et traitée par les tribunaux civils », disent-iels. « Plus tard, la police, en trois jours aléatoires, a déposé trois plaintes pénales », ajoutent-iels. Dans le cas de l’opération policière de ce mercredi, la personne dénoncée n’a en tout cas pas été prévenue et c’est pourquoi Ca l’Espina parle d’une opération judiciaire et policière « totalement opaque ». « Nous ne savons pas si cette procédure est légale, tout comme les autres ou si elle se fait dans notre dos », disent les membres de Ca l’Espina.

Iels sont également surpris que, bien qu’au départ Joan Fradera ait voulu leur parler sous prétexte de trouver une solution négociée au conflit, il ait immédiatement déposé une plainte pénale contre Ca l’Espina. « Nous pensons qu’il ne s’agissait que d’une opération de blanchiment de sa part », disent-iels.

Une lutte qui vient de loin

Le projet d’occupation du collectif qui se trouve aujourd’hui à Ca l’Espina n’est pas nouveau. Tout a commencé en décembre 2016 lorsque, sous le nom de Ca La Trava, une propriété située à Travessera de Gràcia a été occupée. L’expulsion de cet espace a eu lieu, également avec un important déploiement policier, en octobre 2018 et un mois plus tard, en novembre de la même année, un nouveau bâtiment rebaptisé Ka la Kastanya à Torrent de les Flors a été occupé. Ce dernier bien a été expulsé en septembre 2019. Dans le même temps, en février 2019, après la démolition du bâtiment par la propriété de Ca La Trava malgré les protestations du quartier, le collectif a squatté la parcelle et créé un jardin communautaire.

« Notre objectif est de rendre visible une situation qui est plus qu’évidente dans le quartier : l’expulsion des voisin-es à cause de la gentrification qui menace leurs droits », disent-iels depuis Ca l’Espina. Selon le groupe, il y a eu une augmentation des prix tant dans les logements que dans les magasins, ce qui rend impossible d’assurer le bien-être des personnes qui ont toujours vécu dans le quartier ou de celles qui n’ont pas de moyens de subsistance élevés, détruisant ainsi le tissu communautaire de Gràcia.

En plus du squat comme pratique pour lutter contre la spéculation immobilière, Ca l’Espina – et les autres maisons du projet – a fonctionné comme un espace d’activités pour les résident-es. « Nous avons eu peu d’occasions de démarrer le projet à cause du COVID, mais jusqu’à présent, nous avons fait un atelier de vélo autogéré, un cinéma en plein air et certains jours, nous avons installé des stands dans la rue », expliquent-iels.

Expulsions pendant la pandémie

« Depuis la fin du confinement, de nombreuses expulsions ont été effectuées », soulignent-iels depuis Ca l’Espina, qui rappelle qu’une opération de police a également été menée récemment contre le CSO MayDay dans le centre de Barcelone. Pour le collectif, les institutions profitent de la situation de perplexité pour lancer une campagne contre les alternatives de logement dans une ville où les habitant-es ont de plus en plus de mal à vivre.

Dans le même temps, iels considèrent que ce type d’action à l’heure où laisser quelqu’un-e dans la rue présente un risque pour la santé et peut générer de fortes souffrances, est totalement inacceptable. « Alors que l’État faisait appel à la solidarité citoyenne et à la responsabilité de rester chez soi, iels nous ont expulsés », disent-iels. C’est pour toutes ces raisons que de Ca l’Espina iels affirment qu’iels continueront à résister dans la rue des Asturies.


Ca l’Espina
Carrer d’Asturies 12, Gràcia, Barcelone
calespina [at] riseup [point] net
https://radar.squat.net/fr/calespina

Des squats dans la péninsule Ibérique:
Catalogne: https://radar.squat.net/fr/groups/country/XC/squated/squat
Pays Basque: https://radar.squat.net/fr/groups/country/XE/squated/squat
État espagnol: https://radar.squat.net/fr/groups/country/ES/squated/squat

Des groupes (centres sociaux, squats, athénées) dans la péninsule Ibérique:
Catalogne: https://radar.squat.net/fr/groups/country/XC
Pays Basque: https://radar.squat.net/fr/groups/country/XE
État espagnol: https://radar.squat.net/fr/groups/country/ES

Des événements dans la péninsule Ibérique:
Catalogne: https://radar.squat.net/fr/events/country/XC
Pays Basque: https://radar.squat.net/fr/events/country/XE
État espagnol: https://radar.squat.net/fr/events/country/ES