La nouvelle phase des expulsions a commencé. Non pas, comme prévu, avec l’expulsion annoncée du Kiezkneipe (bar de quartier) Syndikat, mais avec une attaque des flics.
Une attaque qui a été masquée comme une descente de police, avec le projet de la transformer en une expulsion de parties de notre maison. Elle a été coordonnée avec des figures dégoûtantes représentant le soi-disant propriétaire, afin de prendre le contrôle d’un espace qui est une épine dans le pied d’une métropole européenne pacifiée. Le 9 juillet et les jours suivants, nous nous sommes défendu-es et avons réduit en cendres leurs plans foireux : reprendre l’appartement expulsé, chasser les flics et les bureaucrates et reprendre le contrôle de notre maison.
Cela n’aurait pas été possible sans la lutte commune et la solidarité qui va bien au-delà de notre petit quartier rebelle. De nombreuses personnes ont participé aux rassemblements spontanés devant la maison et aux manifestations nocturnes dans les quartiers les plus riches de Berlin. Tandis que certain-es cuisinaient pour tout le monde, d’autres participaient aux équipes qui se relayaient 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 autour de la maison. Beaucoup de choses détruites par les flics ont été reconstruites presque immédiatement et différents groupes ont revendiqué des actions de solidarité avec Rigaer94. Montrant une fois de plus que la solidarité sous toutes ses formes est notre arme la plus puissante contre les attaques coordonnées de l’État contre le mouvement et ses prochaines tentatives d’expulsion de nos espaces à Berlin.
Nous ne percevons pas l’attaque la plus récente comme un incident isolé. Mais, comme un morceau de la mosaïque qu’est le dogme de « l’ordre public », appliqué par l’État allemand contre tout ce qui résiste de manière auto-organisée et anti-hiérarchique. Tout ce qui s’oppose radicalement à la domination de l’État, qui collectivise la résistance et remet directement en cause le monopole de la violence par l’État. Même si l’État et sa police se cachent derrière leur mensonge de ne protéger que la propriété autoproclamée de la maison, nous ne devrions pas penser qu’ils ont besoin d’un prétexte pour nous attaquer – n’hésitant pas à dépasser les limites de leurs propres lois quand ils le jugent bon. C’est pourquoi nous ne demandons pas une justice qui nous soit imposée par les bourgeois, mais nous appelons à une autodéfense active dans une lutte déterminée pour la liberté et l’égalité.
Toujours au service des intérêts du capital, l’État fait tout ce qu’il faut pour imposer son objectif d’une ville comme un « produit » commercialisable, où les espaces qui ne répondent pas à leurs désirs sont supprimés et expulsés. Le champ métropolitain devient un processus continu de confrontation entre les populations marginalisées d’une part, et les entrepreneurs immobiliers, les investisseurs, les start-ups, l’industrie du tourisme, les sociétés de sécurité et les flics dans un environnement urbain de plus en plus surveillé d’autre part – dans le but de tout gentrifier et de tout convertir en une entreprise rentable. Un processus dans lequel les projets radicaux ne peuvent être aspirés, mais doivent être des exemples réels d’auto-organisation et de satisfaction de nos besoins par la base.
C’est pour ces raisons que l’État et les flics, avec leurs ordonnances judiciaires, leurs expulsions à froid et leurs opérations répressives, ont procédé à des dizaines d’expulsions et en prévoient beaucoup d’autres. « Sabot Garden », « G17a », « GHS », « Teppichfabrik », et « Dragi » ne sont que quelques exemples de lieux qui ont déjà été expulsés. D’autres, comme les collectifs de bar « Meute » et « Syndikat », le club de jeunes « Potse » et le projet anarcho-queer-féministe « L34 », sont confrontés à leurs prochaines expulsions.
Nous nous trouvons dans une réalité où la violence raciste et les tendances fascistes sont en hausse, où les meurtres policiers sont omniprésents et envahissent tous les lieux publics, où l’État mène des dizaines de raids à Leipzig, dans le Bade-Wurtemberg, à Brême et à Francfort en ciblant les structures radicales de gauche. Une réalité dans laquelle les tribunaux respectent la volonté de vengeance de l’État – comme dans le cas de Loïc et des trois du « Parkbench ». C’est pourquoi nous devons sortir de la défensive et faire comprendre activement que nous nous opposerons toujours à l’État et au capital.
Alors que nous traversons une période où nos structures et nos espaces sont confrontés à une attaque de grande envergure, notre place est dans les rues, aux côtés de ceux qui résistent à la réalité que les détenteurs du pouvoir veulent nous imposer. Partout dans le monde, une attaque contre les structures de la lutte et contre les idées de liberté, d’autodétermination, de solidarité et de révolte mérite une réponse qui se transformera en attaque permanente contre ce système meurtrier.
Nous appelons donc à la manifestation du 1er août sur la Herrfurthplatz à Berlin pour montrer notre solidarité avec tous les projets menacés – en donnant un petit aperçu de ce qui suit toute expulsion éventuelle. Faisons de cette manifestation une réponse dynamique à l’agenda de l’État et de la capitale. Une déclaration offensive servant de barricade et de menace à leurs projets répressifs.
Contre l’État et les patrons, contre celles et ceux qui ont intérêt à maintenir l’inégalité et l’injustice.
Solidarité avec L34, Potse, Syndikat, Meute
Solidarité avec celles et ceux qui ont été atteint-es par la répression – Liberté pour elleux
Pour que nous puissions tenir debout, ils doivent tomber !
Rigaer94
Rigaerstrasse 94, Berlin
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[ Communiqué du 28 juillet 2020, Rigaer 94 https://rigaer94.squat.net/2020/07/27/they-have-to-fall/ ].