Répression et résistance en Grèce, décembre 2019.
Poursuivant notre couverture de la lutte en Grèce entre le nouveau gouvernement répressif de Nouvelle Démocratie et le mouvement anarchiste historique, nous présentons le texte suivant, en nous appuyant sur des témoignages de mobilisations de rue et de défense de plusieurs squats. L’Etat grec continue mettre tout son poids dans un assaut contre les réfugiés, les anarchistes et les mouvements étudiants, encourageant la brutalité policière aveugle contre les êtres humains et leurs compagnons animaux tout en cherchant à disculper les meurtriers de droite, dont les membres du parti néo-nazi Aube Dorée pourtant accusés de conspiration dans le meurtre de Pavlos Fyssas et le policier qui a assassiné, il y a 11 ans ce mois-ci, l’anarchiste Alexis Grigoropoulos, âgé de 15 ans.
Nous espérons inspirer des actions de solidarité internationale avec le mouvement en Grèce et équiper les lecteurs pour l’action et l’analyse dans d’autres contextes, à une époque où la violence d’État et la résistance de masse s’intensifient dans le monde entier. La lutte se poursuit.
Une mise à jour d’un combat en cours
Ce mois-ci, l’expulsion de trois squats exemplaires dans Koukaki à Athènes m’a poussé à composer cette mise à jour urgente. J’ai pour objectif de maintenir la lutte en Grèce en vie dans le discours international – non seulement dans les discussions mais aussi dans les actions entreprises pour faire preuve de solidarité internationale – afin de rappeler à l’État grec que le fondement et l’esprit de notre lutte va au-delà de ses frontières et de maintenir cet esprit fort et chaleureux en ces temps si odieux et froids.
Beaucoup de choses se sont passées depuis la dernière mise à jour ; je ferai de mon mieux pour les mentionner. Toutefois, je voudrais commencer par l’expulsion de Koukaki.
L’expulsion des squats de Koukaki
A l’aube du 18 décembre, des dizaines de policiers de différentes brigades ont attaqué les trois squats du quartier de Koukaki, utilisant des armes telles que des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc. Ces trois occupations – Matrozou 45, Panaitoliou 21 et Arvali 3 – étaient des espaces bien connus et très appréciés qui contribuaient à préserver une présence anarchiste dans l’un des quartiers les plus chers et les plus rapidement embourgeoisés d’Athènes. Si certains propriétaires du quartier considéraient ces espaces comme menaçants, de nombreux habitants de Koukaki les appréciaient pour l’organisation de projets de distribution gratuite de vêtements et de nourriture et pour avoir maintenu une voix significative contre Airbnb et les tentatives capitalistes similaires.
Situé tout près de l’Acropole, avec une population à prédominance de classe moyenne aisée, Koukaki a été l’un des quartiers les plus touchés par Airbnb. Les squats expulsés représentent des opportunités immédiates dans la spéculation immobilière ; cela a peut-être contribué à faire de leur expulsion une des priorités de l’Etat.
La police a envahi les deux plus petits squats (Panaitoliou 21 et Arvali 3) suite à un court mais courageux effort de défense qui s’est soldé par quatre arrestations à Panaitoliou et deux arrestations à Arvali. Les personnes arrêtées ont ensuite été libérées en attente de leur procès pour dommages matériels, désobéissance, résistance à l’arrestation et agression sur un officier ; en outre, la police tente d’utiliser les mêmes lois généralement appliquées à la possession d’armes à feu pour poursuivre les personnes arrêtées après avoir trouvé des couteaux de cuisine ordinaires, des morceaux de cailloux et une arbalète sur les lieux.
Une des personnes arrêtées a été atteinte par une balle de plastique tirée à bout portant et a dû se rendre à l’hôpital à deux reprises pendant son incarcération. Malgré cela, les personnes arrêtées restent résistantes. De l’intérieur des cellules de la principale prison préventive d’Athènes, ils ont réussi à envoyer la déclaration suivante :
« Aujourd’hui, 18 décembre, l’État et son armée ont attaqué notre communauté, expulsant nos trois maisons. Des foules d’ordures d’EKAM, de Delta et de MAT ont participé à l’expulsion de nos maisons. Nous avons été frappés par un éclair et notre compagnon a été touché par une balle en plastique à bout portant. Au même moment, des voisins de Matrozou 45 ont été battus et torturés parce qu’ils refusaient de laisser entrer les flics, car il n’y avait pas de procureur. Au moment de la rédaction de ce texte, nous ne savons pas où et comment se trouvent nos compagnons du Matrozou 45. Ceci s’inscrit dans le cadre d’une campagne plus large visant à agresser tous ceux qui résistent au pouvoir et se battent pour la liberté. C’est un moment où l’Etat étend ses tentacules répressifs contre les squats afin de répondre aux besoins des touristes, de remplacer les maisons permanentes par des Airbnb, et de poursuivre une violente campagne d’embourgeoisement. Nous ne reconnaissons pas la notion de propriété et de possession que l’Etat protège. Nous avons utilisé ces bâtiments vides pour encourager une communauté de désirs révolutionnaires, de beauté et de rejet du capitalisme.
Solidarité avec les squats !
Nous nous étendrons sur tout le territoire !
Pouvoir à tout.e.s celles et ceux qui résistent à la violence d’Etat !
La répression ne nous fait pas peur, elle nous persuade de continuer notre lutte pour un monde de solidarité, d’égalité et d’auto-organisation. »
(Pour rappel, la police Delta est destinée à tabasser les manifestants au corps à corps ; la police MAT est une brigade anti-émeute ; l’EKAM est le GIGN grec et le service de police le plus « organisé »).
Tout près, au Matrozou 45, une grande bataille a eu lieu au cours de laquelle les gens ont tenu tête à l’Etat pendant une heure. Les flics étaient couverts de peinture et faisaient face à une tempête de grêle de débris tout en étant aveuglés par la fumée des extincteurs. La police assimile les mesures de protection prises par les personnes à l’intérieur du squat pour se défendre à des attentats contre la vie des officiers qui ont attaqué leur maison. Ces mesures comprenaient des portes et des fenêtres renforcées et d’autres mécanismes de sécurité typiques. Toute personne sensée reconnaîtra ces mesures comme de la simple autodéfense.
Étonnamment, tous les occupants du Matrozou ont réussi à s’échapper après cette bataille, malgré toutes les forces et les ressources que l’État avait mobilisées contre eux. Embarrassés par cela, les envahisseurs ont puni les voisins immédiats.
Dans l’espoir de capturer les squatters échappés, les officiers ont frappé à la porte d’un voisin, s’attendant à être les bienvenus. La mère de famille a exigé qu’ils présentent un mandat pour entrer ; comme elle le demandait, elle a entendu d’autres agents entrer illégalement par son balcon et son toit. Lorsqu’elle et son mari ont demandé encore une fois un mandat, la police a tabassé son mari et leurs deux fils, les ont menottés, leur ont mis des sacs noirs sur la tête et les ont détenus dans le froid sur leur toit. Bien que la police n’ait pas présenté de mandat, elle a affirmé l’avoir fait sous la supervision du procureur chargé des perquisitions. Les fils et le père de la famille ont été arrêtés en même temps que les squatters des deux autres occupations.
La police a justifié la brutalité qu’elle a infligée à la famille en disant que les membres de la famille aidaient les squatters à s’échapper. Pourtant, en fouillant leur maison, la police n’a trouvé aucune preuve à l’appui de cette affirmation. S’agrippant à des pailles, les représentants de l’Etat affirment qu’ils vont tester l’ADN trouvé à l’intérieur du squat et celui des membres de la famille qu’ils ont arrêtés pour prouver qu’il y avait un lien. Une déclaration anonyme de Matrozou à la suite du raid affirme que cette famille ne les a pas aidés de quelque façon que ce soit. Le père qui a été arrêté se trouve être un réalisateur de premier plan qui a reçu beaucoup d’attention de la part des médias. Il a manifesté son mépris pour la police, mais sa distance par rapport au mouvement anarchiste est également évidente.
La famille n’a aucun lien formel avec le squat, bien qu’elle ait été témoin de la brutalité des expulsions précédentes, puisque le squat a également été expulsé en 2018 – sous le régime de Syriza – pour être réoccupé peu de temps après. Au vu de ce qu’ils avaient déjà vu la police faire, il n’est pas surprenant que la famille ne se sente pas à l’aise pour autoriser des policiers à entrer chez eux s’ils n’y sont pas légalement obligés.
Les preuves de torture et de brutalité à l’encontre de la famille sont largement diffusées par les médias grand public. La police continue de faire des déclarations contradictoires, affirmant même que les membres de la famille sont allés chercher une arme – un mensonge désespéré qui a lentement disparu de leur récit. Malgré cela, le père et les fils sont accusés d’avoir résisté à leur arrestation et d’avoir perturbé une opération de police.
Cette agression contre les voisins a frappé la presse grand public plus durement que les expulsions elles-mêmes, d’une manière qui est significative à la lumière de l’histoire grecque et de la polarisation politique actuelle de la Grèce. Comme la police partout dans le monde, les policiers grecs se perçoivent comme des héros, quelle que soit la façon dont la plupart des gens les perçoivent. Manquant de maturité ou de conscience de soi, ils ont tendance à s’emporter lorsqu’ils sont rejetés. Ainsi, lorsqu’une famille qui ne ressemble pas à l’image de leur cible affirme que les policiers ne sont pas les bienvenus sans mandat, ils deviennent agressifs. Cet incident a suscité un débat qui n’est pas sans rappeler l’époque de la junte grecque.
La police est allée jusqu’à soutenir que les balcons et le toit de la famille étaient des espaces publics, et qu’elle n’avait donc pas besoin de présenter un mandat pour y entrer. Imaginez ce qui arriverait si les gens essayaient d’entrer dans les piscines sur les toits des riches du quartier chic de Kolonaki ! La plupart des médias de droite tentent de blâmer la femme pour avoir défié la police, sans tenir compte des lois. Nous le voyons dans une discussion entre la mère et un présentateur condescendant dans laquelle il explique que ce que les policiers ont fait était mal, mais que c’est en fait sa faute pour avoir bravé leurs ordres.
La polarisation de la Grèce se joue dans les médias grand public. Les partisans de la junte se plaignent que sous la dictature « nous dormions avec nos portes ouvertes » – d’autres plaisantent que « nous dormions avec nos portes ouvertes parce que nous ne voulions pas avoir à nous réveiller pour les ouvrir lors des descentes de police ».
Quoi qu’il en soit, les trois espaces expulsés qui donnaient une voix aux résidents de Koukaki qui célébraient la communauté au détriment du profit sont maintenant barricadés avec des briques. Il est heureux qu’un grand nombre des occupants se soient échappés ; tous ont fait preuve d’un courage remarquable. Il.les ont publié cette déclaration.
Bien que beaucoup d’animaux non humains résidant dans les trois occupations à Koukaki aient également pu s’échapper, il n’est pas clair si certains des chats qui vivaient au Matrozou restent enfermés à l’intérieur. La police a pris l’habitude de piéger intentionnellement des animaux à l’intérieur des squats expulsés afin de terroriser les squatters ; elle l’a fait lors de l’expulsion du squat de Vancouver le 2 novembre. Étant donné que les résidents de Matrozou se sont échappés, il n’est pas surprenant que la police ait retenu des animaux à l’intérieur du bâtiment jusqu’à ce qu’ils meurent de faim dans l’espoir d’attirer les évadés dans un piège ou, à défaut, de les tourmenter.
Il faut également mentionner que Dimitris Armakolas, le camarade qui est mort dans un accident tragique alors qu’il hissait une banderole en solidarité avec le prisonnier Marios Seisidis, était également un résident des squats de Koukaki avant son décès.
Immédiatement après l’expulsion, une petite manifestation de solidarité a eu lieu. La police a nassé les manifestants, arrêtant cinq d’entre eux, puis a attaqué le rassemblement suivant devant quartier général de la police pour soutenir les personnes arrêtées. Ce soir-là, après un rassemblement d’urgence, une émeute soudaine est apparue au cœur du quartier commerçant d’Athènes à Monistraki, un lieu de rencontre bien connu des riches et des gens à l’aise. Tandis que les bénéficiaires de la capitale sirotaient leurs boissons, plus de 200 personnes ont défilé dans le quartier en lançant des tracts, en peignant des graffitis sur divers magasins et en brisant les vitres d’une banque, d’une franchise d’épicerie industrielle et d’un Starbucks. La police n’a pu procéder à aucune arrestation et a dû émettre un avertissement public.
Cette action a démontré que le mouvement n’existe pas seulement dans les squats et à Exarcheia ; il peut surgir et frapper n’importe où.
Cibler les compagnons animaux : Une nouvelle tactique de terreur d’État
Comme on l’a fait remarquer, il est de plus en plus courant que la police cible les animaux de compagnie des squatters. Cela mérite plus de commentaires.
Dans le squat de Vancouver, par exemple, les squatters gardaient les chiens et les chats soigneusement séparés afin d’éviter la possibilité d’une violente dispute entre les créatures. Des affiches sur les portes informaient les gens des dangers de laisser certains chiens ou chats sortir des pièces où ils vivaient. Lorsque la police a fait une descente à Vancouver, elle a menotté et battu ceux qui défendaient le squat. Alors qu’il était menotté, un des détenus a supplié les agents de garder les animaux à part pour leur sécurité. L’agent a répondu en donnant un coup de coude à cette personne au visage. Malgré les demandes de cette personne, les policiers ont intentionnellement placé les deux chiens dans la pièce occupée par quatre chats et ont fermé la porte – à un moment où tous les animaux étaient extrêmement affligés. Un des chats en est mort.
Le compagnon le plus proche du chat qui est mort a appris la mort alors qu’il était en prison. Absurdement, les flics ont affirmé que le chat était mort depuis deux semaines, alléguant que les squatters mentaient afin d’accéder à nouveau au squat pour le réoccuper. Cela a brisé le cœur du plus proche compagnon du chat, considérant qu’ils avaient passé du temps ensemble tout récemment.
Après la mort du chat, le contrôle des animaux a pris les deux chiens ; la police a jeté le chat décédé dans une benne et a nié que les trois chats survivants soient restés à l’intérieur, affirmant qu’aucun animal n’avait été laissé sur les lieux. Ce n’est qu’après qu’un maçon qui scellait les entrées de l’immeuble a été attaqué par un chat au point de devoir se rendre à l’hôpital que les gens ont été autorisés à entrer pour chercher les chats restants. Ensuite, l’État a autorisé les responsables de la protection des animaux à entrer pendant une heure, mais ils n’ont trouvé qu’un seul des trois chats restants. Vancouver est un très grand immeuble et les chats sont très habiles à se cacher, surtout des policiers qu’ils reconnaissent comme des antagonistes mortels.
Enfin, comme il restait deux chats à l’intérieur, un libérateur d’animaux a mené une grève de la faim à l’extérieur de Vancouver. Au début, la police a attaqué et menacé le gréviste de la faim ; lorsqu’un procureur a envoyé un ordre pour permettre une recherche adéquate des chats restants, le chef de police a refusé la demande, prétendant qu’il n’y avait pas assez de policiers pour assurer la recherche – le jour même où des centaines de policiers se sont déversés dans Exarcheia à la suite d’une attaque sur une moto appartenant à un policier Delta. Après une semaine de grève de la faim et l’accusation publique de cruauté envers les animaux, les policiers ont finalement cédé et ont permis aux gens de trouver et de relâcher les chats restants. Selon des camarades de Vancouver, si ce n’était de l’attention générale résultant d’une campagne de médias sociaux pour faire sortir les chats, ils sont certains que le procureur n’aurait jamais demandé leur libération. Il est trop facile de torturer et de tuer les sans-voix afin de tourmenter ceux qui ont plus de « droits ».
Peu après le raid de Vancouver, au cours d’une série de raids contre le groupe Revolutionary Self-Defense, la police a fait une descente dans une maison d’Exarcheia. Les flics n’ont rien trouvé qui puisse inculper les résidents. Les flics qui ont mené la descente sont les mêmes qui avaient attaqué Vancouver. Partis par frustration, ils ont attaqué un chat qui vivait là, lui cassant les pattes de devant et lui fracassant la mâchoire. Quand on leur a demandé ce qu’ils faisaient, l’un d’eux a répondu : « Vous allez faire une grève de la faim aussi ? »
Lors d’une autre invasion de domicile, dans le cadre de la même série de raids anti-terroristes, des agents ont enlevé tous les chiens présents sur les lieux – apparemment sans autre raison que de faire souffrir leurs compagnons humains.
Aux États-Unis, la police assassine souvent des animaux – par exemple, en tirant sur des chiens ; peut-être que cette nouvelle ne surprendra pas beaucoup de lecteurs. Mais il est important d’enregistrer la lâcheté brutale de la police qui procède à ces expulsions et de souligner que la main libre que Nouvelle Démocratie leur a donnée amplifie les aspects les plus cruels et les plus sordides de l’humanité.
En caressant Aube Dorée
Entre-temps, le procureur de l’État a suggéré de rejeter les accusations de complot contre le parti néonazi Aube Dorée dans l’affaire du meurtre en 2013 du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, alias Killah P, tout en inculpant deux personnes pour des attaques présumées contre les bureaux d’Aube Dorée. De telles attaques se sont produites à plusieurs reprises au cours des dernières années, généralement revendiquées de manière anonyme par des communiqués signés avec les noms des victimes d’Aube Dorée – par exemple, la brigade Pavlos Fyssas et la brigade Sahzat Luqman. (Sahzat Luqman était un ouvrier pakistanais assassiné par des membres d’Aube Dorée.) Selon les médias officiels, la police affirme que les suspects sont liés à l’attaque du 1er novembre contre le bureau d’Aube Dorée, rue Deligianni, dans le centre-ville d’Athènes, ainsi qu’à une attaque précédente, le 23 mai, dans le quartier d’Acharnes, dans l’ouest de l’Attique. Les deux attaques ont utilisé des explosifs de fortune qui ont endommagé les locaux mais n’ont fait aucun blessé.
Si les allégations de l’État sont mises en avant, il est probable que le ministère public tentera d’inculper les deux personnes en vertu de nouvelles mesures antiterroristes, avec pour résultat possible qu’elles pourraient toutes deux recevoir des peines plus longues que celles infligées à n’importe lequel des assassins condamnés pour les meurtres perpétrés par Aube Dorée, sans parler de tous les meurtres d’Aube Dorée qui n’ont même jamais fait l’objet d’une enquête. Si Killah P n’avait pas été un citoyen grec blanc, son cas n’aurait probablement jamais fait les gros titres – une réalité tragique en Grèce et dans le monde entier.
À la surprise de beaucoup de gens, les deux personnes arrêtées n’ont pas été placées en détention provisoire le jour de leur mise en accusation. Généralement, dans les affaires de terrorisme, l’État garde les accusés en détention jusqu’à leur procès. Il est fort probable qu’ils soient autorisés à attendre leur procès en dehors de la prison en raison d’un effort calculé de l’État pour modérer l’indignation. Au vu de l’indignation généralisée au niveau national et même international contre la brutalité policière en Grèce et de l’issue de l’affaire de la conspiration d’Aube dorée, le théâtre de la politique grecque semblera rester conforme aux lois de la démocratie néolibérale. Mais en dépit des faibles preuves, les deux camarades doivent toujours se présenter à la police quatre fois par mois et payer une caution de 15 000 euros, et ils ne peuvent pas se rendre à l’étranger avant le début du procès. Si leur affaire se déroule comme les autres, leur procès pourrait être retardé d’un an – en utilisant la bureaucratie pour punir les personnes non condamnées.
Ce n’est pas une coïncidence si l’État abandonne les accusations de complot contre Aube Dorée tout en réprimant ses ennemis. Nouvelle Démocratie a tenté de se distancer d’Aube Dorée pendant les élections, mais continue à affirmer clairement qu’elle est l’alliée du groupe ouvertement fasciste, même si elle est un peu plus riche et mieux éduquée. Lorsque la mère de Killah P a quitté la salle d’audience après la conclusion de l’accusation au terme de six années d’un procès traumatisant, elle a dit : « Aujourd’hui, vous avez poignardé Pavlos ».
Aube Dorée va maintenant recevoir 8 millions d’euros en compensation de cette affaire. Il s’agit d’une somme substantielle en Grèce pour un groupe politique. Les partis politiques au Parlement grec ont droit à un financement de l’État. Cependant, lorsque le procès a commencé il y a six ans, l’État a gelé ce financement. Si Aube Dorée reçoit cette importante somme d’un seul coup maintenant, nous les verrons sans doute tenter de compenser leurs récents revers lors des élections de 2019 ; cela augmentera aussi considérablement les ressources disponibles pour soutenir la violence fasciste de rue.
En tant qu’anarchiste, je n’attends jamais de justice de la part de l’État. Je n’utiliserai pas ma voix pour exiger que quiconque ne soit emprisonné, même pas les meurtriers fascistes. Cependant, il est nécessaire de souligner qu’un grand nombre de preuves ont été présentées dans l’affaire contre Aube Dorée. Au-delà des preuves évidentes de leurs connexions et de leur politique nazies, les enquêteurs ont présenté au tribunal une série d’appels téléphoniques et de messages interceptés, ainsi que des instructions écrites organisant explicitement la violence fasciste. Au vu de l’organisation hiérarchique d’Aube Dorée, il est très difficile d’imaginer que des actions autonomes puissent avoir lieu sans l’approbation des membres supérieurs du parti. Malgré cela, les 65 membres accusés de la conspiration ont été acquittés de leurs accusations. Seuls les individus accusés d’avoir effectivement poignardé Killah P seront punis, malgré le grand nombre de membres d’Aube Dorée qui se sont coordonnés dans tout le quartier pour converger vers lui, l’ont menacé, l’ont entouré et l’ont attaqué la nuit où il a été assassiné.
6 décembre
Maintenant, revenons en arrière et commençons plus tôt, pour couvrir ce qui s’est passé d’autre ce mois-ci.
Depuis le 20 novembre, lorsque le gouvernement a annoncé qu’il allait expulser tous les squats, avant la date limite du 5 décembre qu’il a fixée pour la légalisation ou l’expulsion des occupants, les squats de toute la Grèce ont organisé des événements quotidiens et coordonné des manifestations dans tout le pays pour montrer la force de nos mouvements et de notre solidarité.
Le jour de la date limite, des camarades anonymes ont onvert 15 nouveaux squats à travers Athènes pour être utilisés si les squats existants étaient expulsés. Les anarchistes ont également barricadé un bureau de Nouvelle Démocratie avec des briques de la même manière qu’ils ont attaqué nos espaces. C’est une des nombreuses actions récentes contre les bureaux de Nouvelle Démocratie à travers le pays.
Le 6 décembre, des manifestations ont eu lieu dans toute la Grèce en mémoire d’Alexis Grigoropoulos, le jeune de 15 ans assassiné par la police en 2008, et de l’insurrection qui a suivi ; les anarchistes grecs observent cette date depuis dix ans maintenant. Des affrontements ont eu lieu à Patras et à Thessalonique.
Dans la matinée du 6 décembre, une manifestation autonome d’étudiants anarchistes a démarré, entourée de tous côtés par la police et isolée des autres manifestants de gauche. Cela a clairement illustré quel mouvement l’État reconnaît comme une menace pour son pouvoir. Cette nuit-là, une énorme manifestation marquant l’anniversaire de l’assassinat d’Alexis Grigoropoulos a eu lieu en présence de milliers d’anarchistes.
A la fin de la manifestation, beaucoup ont fait de petites actions, détruisant les publicités dans les gares routières, bombardant de peinture les banques et les bureaux de l’Etat, et essayant d’enlever les barricades des universités, qui visent à empêcher l’utilisation publique des campus. Bien que ces actions aient été assez limitées, une fois que les manifestants ont commencé à retourner à Exarcheia, où se trouve le mémorial d’Alexis, sans provocation ni confrontation directe contre les flics, la police a attaqué brutalement, tabassant les gens au hasard. Les images vidéo montrent la violence ; même l’État a été forcé de faire semblant d’enquêter sur sa propre brutalité, bien que nous puissions être sûrs que cela ne mènera à rien.
Une des preuves importantes est une vidéo montrant la police en train de frapper un homme désarmé qui crie « Je me rends ». Alors qu’ils tabassaient de nombreuses personnes ce soir-là, cette vidéo a attiré l’attention de la masse non seulement en raison des lâches agressions perpétrées par les agents, mais aussi parce que, dans l’intention de l’humilier, ils le déshabillaient. Cela aussi est devenu une tactique policière courante visant à humilier les personnes arrêtées et détenues, signalée par de nombreuses personnes qui ont été enlevées par la police anti-émeute autour du centre d’Athènes. Cela rappelle les enlèvements et la torture pratiqués sous la junte grecque.
Un journaliste d’une grande chaîne de télévision a été contraint de commenter ces brutalités en direct sur les ondes dans la nuit du 6 décembre. Un reporter de la chaîne généraliste Kontra n’a pas pu s’empêcher de réagir aux coups qu’il a reçus d’une personne qui filmait avec un téléphone à proximité des événements. Le journaliste a déclaré : » Des gens ont été matraqués pour n’avoir vraiment rien fait « , et que s’il n’avait pas eu une équipe de tournage professionnelle, il aurait été matraqué lui aussi. Choquant beaucoup de gens, il a ajouté : « Alors que beaucoup descendent dans la rue, nous devons chanter le chant qui nous unit tous : ’flics, porcs, assassins’. »
Des dizaines de personnes ont été arrêtées dans tout le pays sur la base d’allégations ridicules de l’État. Un livreur qui livrait de la nourriture près de l’agression par la police a été frappé et arrêté ; alors qu’il s’identifiait, la police lui a demandé pourquoi il s’enfuyait. Toutes les personnes arrêtées ont été libérées et sont actuellement en attente de leur procès.
En même temps que la manifestation à Athènes, des personnes ont mené des actions clandestines en dehors d’Exarcheia dans treize autres quartiers d’Athènes. Les communiqués affirment que les gens ont attaqué une trentaine de cibles étatiques et capitalistes en solidarité avec l’esprit du jour et contre les nouvelles mesures étatiques.
A ce jour, la date limite pour la légalisation des squats est passée. Tous les centres sociaux et résidences squattées restants sont en guerre ouverte avec le gouvernement. Pourtant, notre solidarité et l’esprit du mouvement anarchiste ici est trop profondément enraciné pour être vulnérable à toute attaque matérielle qu’ils pourraient faire contre l’infrastructure anarchiste.
De nombreuses contre-attaques ont eu lieu depuis la dernière mise à jour. Des gens ont ciblé des voitures de luxe dans des quartiers riches pour rappeler à ceux qui profitent du déplacement des anarchistes et des immigrants qu’ils ne sont pas en sécurité. Le mouvement est durement touché, mais nous ne sommes pas inactifs. Au contraire, beaucoup plus de gens se sont réveillés avec passion.
L’expulsion de la Villa Kouvelou
Le 17 décembre 2019, la police a expulsé la Villa Kouvelou à Marousi, un quartier du nord d’Athènes, aux premières heures du matin.
Le bâtiment vide et délabré a été occupé par des anarchistes en avril 2010 et rapidement rénové en un centre social de renommée régionale qui a enrichi le quartier avec des concerts, des conférences, des discussions et des événements politiques. Le quartier de Marousi est plutôt connu comme un quartier bourgeois fade d’Athènes. Kouvelou était important pour beaucoup de jeunes comme un endroit sûr pour explorer des idées révolutionnaires.
Etant proche d’un des bureaux d’Aube Dorée, le squat était une cible fréquente des attaques fascistes. Cependant, de nombreux habitants du quartier environnant appréciaient Kouvelou comme un espace amical et sûr offrant une alternative à la fade normalité de Marousi. A ce jour, il n’y a toujours pas de raison inventée pour l’expulsion – il n’y a pas de plans pour utiliser le bâtiment ou vendre le terrain. L’expulsion a très probablement été considérée comme une priorité parce que les fonctionnaires de l’État ont estimé qu’il s’agissait d’une opération facile en raison de son emplacement.
Lorsque les flics ont commencé l’expulsion, à 7h30, de nombreux résidents locaux se sont rassemblés à l’extérieur pour exprimer leur opposition à l’opération et leur solidarité avec l’occupation. Plus tard dans la journée, une manifestation de plus de 300 personnes a eu lieu à Marousi, détruisant de nombreuses banques et peignant des graffitis pour Kouvelou dans tout le quartier.
Le week-end suivant l’expulsion, une manifestation spontanée de plus de 300 anarchistes a convergé vers Marousi pour réintégrer Kouvelou. Ils ont affirmé la résilience de nos mouvements, ont accroché une banderole et ont récupéré le squat pendant un certain temps, au cours duquel ils ont examiné les dégâts causés par l’EKAM (police grecque du SWAT), ont documenté les enquêtes menées par la police (comme les échantillons d’ADN marqués) et ont noté ce qui sera nécessaire pour réoccuper complètement le squat dans un avenir proche.
A la sortie du squat, la manifestation a pris les rues, attaquant quelques franchises d’entreprises locales et la station de métro de Marousi, où les tourniquets en verre ont été brisés. Alors que les participants n’avaient pas l’intention de se battre contre la police, la police anti-émeute a attaqué la marche, et les manifestants se sont défendus contre les gaz lacrymogènes asphyxiants et les assauts de la police anti-émeute. Pendant la manifestation, certaines personnes ont identifié un policier en civil qui prenait des photos et filmait les manifestants. Un manifestant l’a abordé et lui a donné des coups de poing.
En réponse, les médias officiels ont usé de leur pouvoir de tromperie. En raison de l’âge avancé de l’agent infiltré, les médias ont affirmé que les anarchistes avaient attaqué un vieil homme portant une prothèse auditive sans raison. Rapidement, il est devenu évident que l’appareil auditif était en fait un dispositif pour communiquer avec d’autres agents et que le soi-disant vieil homme était un agent de police en service actif. Cependant, la presse a transformé ce mensonge en une information en prime time, se concentrant uniquement sur les images, jouant l’attaque sur le policier encore et encore et négligeant délibérément de rappeler aux téléspectateurs le point de départ de la manifestation.
Pourtant, une action comme celle-ci, qui se déroule avec tant de force dans un quartier comme Marousi, souligne la ténacité de nos mouvements. Ceux qui résistent au nom de Kouvelou insistent sur le fait que le squat sera réoccupé, affirmant que leurs désirs révolutionnaires l’emporteront sur toute campagne de répression.
Pas de gentrification pour Noël
Avant Noël, l’État a également ciblé la place Exarcheia avec des efforts surréalistes pour « normaliser » le secteur. La police a fait une descente et a encerclé la place pour nettoyer le trottoir au jet d’eau et installer un sapin de Noël. L’arbre a été brûlé deux fois le premier jour. La police a fait la même chose le jour suivant ; l’arbre a été brûlé de nouveau. Ces efforts hautement symboliques pour « nettoyer » la zone indiquent la façon dont l’Etat espère utiliser Exarcheia pour envoyer un message à tous ses habitants. De plus, le maire d’Athènes discute de l’organisation d’événements d’État sur la place. Si cela se produit, les festivités n’auront lieu qu’entourées par la police qui les protège ; le véritable but est de provoquer les défenseurs d’Exarcheia et d’envoyer un message à ceux qui ne vont jamais là-bas que l’État l’a repris.
L’incendie de l’arbre de Noël rappelle le célèbre événement de l’insurrection de 2008 où des manifestants ont brûlé l’arbre de Noël emblématique devant le parlement grec pour exprimer leur volonté de continuer à se battre alors même que de nombreux Grecs retournaient dans leurs villages pour les fêtes de fin d’année.
Faire progresser la technologie en matière de répression
L’État grec poursuit également ses efforts pour moderniser ses méthodes de surveillance. Bien qu’ils aient toujours été transparents sur leur capacité à surveiller les conversations téléphoniques et SMS classiques, ils cherchent à progresser dans le monde numérique, en mentionnant ouvertement leurs efforts pour obtenir des conseils du Royaume-Uni afin d’enquêter sur les utilisateurs de Viber et Whatsapp. Cet effort de collaboration avec des agences d’espionnage technique étrangères fait suite à l’incorporation officielle de la technologie des drones dans les services de police grecs.
D’autres attaques contre les réfugiés
Pendant que tout cela se déroule, Nouvelle Démocratie se dépêche de tenir sa promesse de déplacer 20 000 réfugiés vers la Grèce continentale. L’objectif est de déplacer les réfugiés au large d’îles comme Lesvos et de les éloigner de l’attention du public. Plus de 50.000 réfugiés sont toujours dans des camps sur diverses îles de la mer Egée, en face de la Turquie, dans des conditions si épouvantables que les ONG et les groupes de défense des droits de l’homme ont publiquement appelé l’Etat à leur secours. Les fascistes locaux attaquent fréquemment ces camps. Le nombre de personnes dans ces camps augmente lentement à nouveau à mesure que de plus en plus d’immigrants arrivent en Grèce. Cependant, le gouvernement a adopté en novembre de nouvelles lois pour limiter et dissuader les demandes d’asile ; elles visent à définir les réfugiés comme des migrants afin d’affaiblir les normes de protection qui leur sont dues. De nouvelles mesures supplémentaires visant à ralentir la procédure d’asile déjà longue sont entrées en vigueur afin de dissuader les réfugiés de suivre la procédure appropriée et de réduire ainsi le taux d’acceptation des demandes d’asile.
Parallèlement à toutes ces mesures, de nouvelles réductions entreront en vigueur en 2020 qui laisseront les réfugiés sans les programmes de soutien qui les ont aidés à survivre ; ils devront se débrouiller seuls pendant le traitement de leur demande. Les programmes de soutien existants n’ont jamais été suffisants au départ ; dans de nombreux cas, un réfugié en attente d’asile devait survivre avec 150 euros par mois, tout en étant empêché de chercher un emploi légal. Maintenant, ils devront faire face à des défis encore plus importants.
Toutes ces mesures visent à dissuader les réfugiés et les immigrants de venir en Grèce et à torturer ceux qui vivent déjà ici, ayant fait l’audacieux voyage à travers la mer Égée. Si des personnes sont poussées à travailler illégalement, ou forcées de voler pour manger, ou si elles voyagent à l’étranger en espérant de meilleures opportunités, tous ces motifs peuvent être utilisés pour rejeter leurs demandes et les expulser.
Ce mois-ci, une surpopulation odieuse et une dégradation institutionnelle ont déclenché un soulèvement encourageant sur l’île de Samos, à courte distance de la Turquie. Selon No Borders, un camp de réfugiés sur cette île, conçu à l’origine pour 650 personnes, en accueille 8000. Cela signifie environ une toilette pour 300 personnes et une douche pour 500 personnes. Des camps comme celui-ci sont répartis sur d’autres îles proches de la Turquie. Ce mois-ci, les résidents du camp se sont rassemblés pour déclencher un soulèvement contre la police. Face aux gaz lacrymogènes et à la brutalité des forces anti-émeutes locales, ils ont démontré leur humanité malgré une situation terrible et un hiver rigoureux. Cette manifestation fait suite à un autre soulèvement en octobre, lorsqu’un incendie massif a nécessité l’expulsion du camp surpeuplé. Ces deux soulèvements ont entraîné la fermeture d’écoles et d’autres grandes institutions de l’île. Les émeutes et la résistance dans ces camps se poursuivent ; elles expliquent en partie pourquoi le nouveau gouvernement préfère les déplacer hors de vue plutôt que d’être obligé de répondre aux demandes des migrants.
En conclusion
En cette période de fêtes, nous souhaitons rappeler la grève de la faim du prisonnier politique Kostas Sakkas, un anarchiste grec accusé d’appartenir à un groupe terroriste et de possession d’armes aggravée après son arrestation dans un entrepôt. Il est accusé d’avoir participé à la conspiration des cellules de feu, bien que lui et le CCF le nient. Tout au long de son incarcération, il a mené de fréquentes grèves de la faim. Ses grèves de la faim sont devenues si fréquentes et si efficaces sous l’administration précédente qu’ils ont envisagé de le libérer en vertu du même projet de loi qui a conduit à la libération du prisonnier anarchiste Nikos Romanos. Nouvelle Démocratie a rejeté sa lutte, arguant que « cette loi ne devrait jamais s’appliquer aux terroristes anarchistes » tout en utilisant cette même loi pour libérer le meurtrier d’Alexis Grigoropoulos dès leur arrivée au pouvoir.
Nombre des grèves de la faim de Sakkas ont eu pour but de gagner la possibilité de travailler ou d’accéder à l’éducation. Sa dernière grève de la faim avait pour but de contraindre le gouvernement à le transférer de la prison de Nigrita, dans le nord de la Grèce, à la prison de Korydallos, à Athènes, afin qu’il puisse se rapprocher de sa famille. Après avoir subi un choc hypoglycémique et fait face à d’autres problèmes de santé mettant sa vie en danger, il a obtenu gain de cause et sera transféré à la prison de Korydallos. Son courage devrait être une source d’inspiration pour nous tous.
Puissent les noms des camarades tombés au combat, comme Alexis Grigoropoulos, et de ceux qui se battent derrière les barreaux, comme Kostas Sakkas, résonner dans le monde entier en cette période froide de l’année. Puissent nos luttes démontrer que notre passion pour la liberté est plus forte que celle de n’importe quelle prison, inspirant d’autres personnes à relier leurs luttes aux nôtres.
Collectif d’occupation de Koukaki
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Villa Kouvelou
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[Publié le 26 décembre 2019 sur Marseille Infos Autonomes. Texte original en anglais sur CrimethInc].