Vous nous invitez à un meeting sur le droit au logement : la défense du nôtre, menacé en ce moment même d’expulsion, nous empêche de nous absenter, alors faute de mieux nous vous envoyons un petit mot, une petite contribution au débat.
Un meeting international confrontera sans doute des expériences mais aussi des contextes différents… Nous voulons donc commencer par vous parler du contexte français autour du logement et des luttes sociales. « L’Etat social » est en phase de démantèlement en France comme ailleurs bien sûr, mais son ombre froide a une histoire longue et solide, et promet de ne pas s’évanouir de sitôt. Notre génération, sur les 22 dernières années, en a connu 16 de gouvernement socialiste, qui l’ont habituée à voir les mouvements contestataires aboutir dans les couloirs d’une administration « conciliante » et aménageuse, quitter le terrain de la rue pour se perdre en contacts, appuis, accords, avec un Etat soi-disant bienveillant. L’histoire du mouvement social en France se gausse, par exemple, de la forme associative, vieille d’un siècle, qui légalise et légifère tout regroupement autour d’idées et d’actions, et rend toute autre forme de collectif (anonyme, affinitaire, sans appareil de direction…) étrange voire suspecte. Ainsi, beaucoup de revendications, dans la culture française, exigent de se « monter en association », de « présenter un dossier aux autorités », de « se poser en interlocuteurs » ou de « faire signer des pétitions » pour demander tel ou tel « amendement de la loi ». C’est l’idéal de la « démocratie participative », ânonné aujourd’hui par les mouvements réformistes à la mode comme ATTAC, ces mouvements puissants, héritiers de la tradition étatiste française, qui exaltent le légalisme et relèguent l’action directe et l’auto-organisation à un positionnement irresponsable, vraiment marginal, presque oublié. Etre « citoyen-ne » « responsable », pour ces mouvements, revient à surveiller, améliorer, corriger les défauts de l’appareil démotechnocratique plutôt que de s’en défaire. Sur la question du logement, en France et depuis une dizaine d’années, c’est le DAL qui occupe les devants de la scène avec ce genre de militantisme réformiste, en ne légitimant l’occupation illégale de logements vides que de manière ponctuelle et dans le seul but de pointer les dysfonctionnements de la social-démocratie.
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